« Savez-vous pourquoi vous êtes ici ? » Un rictus s'afficha sur les lèvres du blond allongé sur le fauteuil. A ce qu'on racontait, être allongé dans un fauteuil durant une séance de psychothérapie permettrait de se sentir plus léger, plus prêt à se dévoiler. Cette pauvre psychologue ne savait pas à qui elle avait à faire. Il regardait le plafond, son visage n'exprimait aucune émotion. « Monsieur Soulman, savez-vous pourqu... » D'un geste de la main, l'homme fit taire la femme. « Si je ne savais pas pourquoi je serais ici, ce serait effrayant, non ? » Il avait tourné la tête vers cette brunette, de toute évidence moins âgée que lui. Un soupire las intimida la jeune-femme, cependant, celle-ci pris la parole. « Parlez-moi de vous. » Les yeux bleus de William croisèrent ceux de la psychologue. Dans un haussement d'épaules, Soulman pris la parole le plus naturellement du monde. Parler de lui, il savait faire. « Je suis William Soulman, on m'appelle plus souvent Monsieur Soulman, mes amis ont le droit de m'appeler Will, mais aucun autre surnom n'est accepté. » Sa voix grave le rendait sévère. Il savait décidément comment attirer l'attention sur cette femme pulpeuse. Certes, il était venu pour parler, se confier, mais avait-il vraiment l'air d'un homme se confiant à tout va ? Non, bien sûr que non. « J'ai une vie passionnante et j'en suis comblé. Là encore, mon métier est des plus passionnants. » Procureur. William endossait un rôle important dans son métier, il était en droit de juger les personnes, dire si oui ou non, elles méritaient d'aller en prison. Il était dans le droit d'expulser des personnes de ce pays, de ruiner la vie d'une famille. Il le faisait très bien, ses émotions ne l'avaient encore jamais trahi. « Avez-vous une femme ? Des enfants ? Frères, soeurs ? » C'était la question piège pour William. Ne pouvant plus tenir allongé, il se releva pour s'asseoir, ce qui, au premier abords, avait l'air de surprendre la psychologue. « Je n'ai pas de femme et encore moins d'enfants. Je vous expliquerais sûrement pourquoi après. » Il jouait. Son simple but était de posséder cette femme, le temps d'une journée, d'une nuit et il y arriverait. « Pour ce qui est de ma famille, j'ai bien une soeur et un frère. Si je n'ai rien contre ma soeur, je trouve mon frère totalement stupide et inconscient. » Ses paroles devenaient venin. Une rage soudaine trahissait les traits de William. Parler de son frère, son incapable de frère, le rendait malade. « Expliquez-vous. » Le blond regardait de nouveau cette femme d'un air meurtrier. Ses sautes d'humeurs en effrayaient plus d'un. « A cause de Dexter, nos parents sont morts. Pas par simple accident, oh non, bien au contraire je dirais. Ils sont morts parce que cet abruti traînait avec des dealers. » Dans un moment de désespoir, Soulman frappa dans le fauteuil avec son poing. D'un simple hochement de tête, la jeune-femme repris la parole d'une voix plus douce, comme pour rassurer l'homme pourtant enragé. « Vous lui en voulez ? » Question stupide. Un ricanement s'échappa de la gorge de William qui se massait la nuque d'une main. « Si vos parents serez morts à cause de votre frère, est-ce que vous lui en voudriez ? » Il avait dit ça le plus calmement possible, avec une pointe de colère. Cette fois-ci, il ne désirait plus cette femme. Elle était bien trop stupide à ses yeux.

Il était fatigué de ce rendez-vous. Fatigué de donner des explications pourtant évidentes à une femme qui faisait semblant de ne pas comprendre. Alors, William se leva, sans un mot. De son porte-feuilles, il tira un billet d'une grande valeur qu'il déposa sur le bureau de la brune. Et puis, à la vitesse d'un homme d'affaire pressé qu'il était, il quitta la pièce, le bâtiment, pour se retrouver à l'air libre. A peine sorti, voilà que Soulman avait une cigarette au bec. Ce poison qu'il inhalait lentement était son moyen de lâcher prise dans ce bas monde. Yellowsky. Il y était presque malgré lui. Sa vie ici n'allait pas être rose, bien au contraire. Il était venu ici dans un seul but, celui de retrouver son frère qui avait ruiné la vie de leurs parents. Est-ce qu'il arrivait à Dexter de penser à son grand-frère, à ce qu'il lui arriverait s'il le retrouvait ? William n'était pas meurtrier, vu son métier, cela paraîtrait loufoque. Mais il comptait bien lui montrer que jouer au con, ce n'était pas la meilleure des choses à faire. Le blond lança un regard rapide dans le ciel avant de murmurer quelques paroles. Il venait de jurer à ses parents de les venger d'une manière ou d'une autre.