Mes parents n’ont a priori pas voulu de moi. Ou pas. J’en sais foutre rien. Parce que je n’ai jamais compris ce qu’était ma vie. Un beau bordel je vous l’accorde. Le mot est juste, puisque ma mère offrait son corps à de parfait inconnus moyennant payant. Bon ça, je l’ai su bien plus tard. Je l’ai découvert. Mais bon tout ce qui relève de mon enfance est si floue que je ne m’y attarde pas. Si vous saviez ça, vous aussi vous préféreriez ne pas savoir. Ne pas réfléchir, ne pas penser, ne pas être. L’art de s’effacer, disparaitre dans le vent en somme. Je suis et je ne suis pas. Après tout, j’ai finis par comprendre que je n’étais qu’un déchet. Bien utile parfois cela dit. Moscou ou la ville froide, meurtrière. Acheté par un couple de Londres, je commence une nouvelle vie. Des gens que je ne connais, j’apprends à dire maman et papa. A salit leur magnifique moquette de boue et d’autres saletés. « Ce gamin n’apprendra jamais. » Dit mon « père » à ma « mère ». Je n’ai jamais comprit pourquoi dès qu’ils eurent leur gamin, moi je passais directement aux oubliettes. Je ne devais pas être assez intéressant. OU assez beau. Je ne sais pas. Mais ce fut ce qu’il se passa et je dus oublier tout jusqu’à ce qu’une autre famille l’achète. J’étais devenu un bien que les gens prennent, revendent, jette. Un objet. Je n’étais pas humain, ou du moins, n’en avais plus les droits. Avait-on le droit de disposer d’un être ainsi ? Je n’étais pas sur. Pourtant, personne ne avaient l’air de s’en formaliser pour autant.

Avant qu’une famille veuille de mes services je fus livré à moi-même. La rue était mon refuge, mes racines. Je ne savais pas réellement de quoi j’étais ou même si j’étais bon à quoi que ce soit. Ce fut par pur hasard qu’à seulement dix sept ans je fus recruté pour un combat de rue. Au départ, ils avaient pensé à moi comme chair à canon. Ils ne pensaient pas que je survivrais un round. Ce jour là la colère, la haine furent mes amies. Je lâchais tout ce que je ressentais sur mon adversaire. J’encaissais, je morflais, mais plus j’avais mal, et plus j’étais violent, plus incisif. Et je ne cessais que lorsque mon adversaire fut à terre, battu presque à mort. Je vis le sourire satisfait de celui qui m’avait entrainé là dedans. Je fus leur nouveau champion. Ce fut le début de ma carrière. Une carrière dont on ne parle pas. Dont on tait les marques et les dégâts. Les cicatrices, les coups, les dégâts furent légion. Mais ce corps autrefois frêle, se transformait. Bientôt les muscles remplacèrent mes membres maigres. La rage comme motivation, j’étais capable d’aller loin. Trop loin. « DIMITRI. Ca ne va pas ! Tu l‘as tué ! C’est le troisième ce mois ci. Je vais devoir te faire arrêter les combats. » J’étais furieux. Il venait de m’ôter le seul défouloir, exutoire qu’il me restait. Ce soir là il mourut lui aussi. J’ignorais qu’ion m’observait depuis des mois. Un sourire dans l'obscurité. Tout changeait. En un instant.

Une famille russe cherchait un homme de l’âge de leur fils pour faire office de garde du corps il leur fallait quelqu’un de discret, qui n’avait rien à perdre et qui saurait se disperser dans la foule. Et surtout quelqu’un d’une extrême rudesse, d’un don pour survivre, d’une rage de vivre. Ils me proposèrent de jouer au nouvel arrivant dans leur famille. J’aurais un lit, une chambre correcte, à manger, des vêtements propres. Et n entrainement. Ils m’apprirent tout sur tout. Toutes les façons de se battre, et de gagner. Ils me cultivèrent afin que je ne fasse tache en société. J’apprenais vite. Je fus bientôt le parfait garde du corps. Ou presque. Leur fils me craignait. Il savait que cette rage ne pouvait être contenue. Ou du moins pas entièrement. Chaque jour, je m’entrainais encore et encore. Mais à l’âge de seize ans je décide de m’enfuir. Je veux agir par moi-même. Je veux choisir ce que sera ma vie. Ils me retiennent et m’avoue connaitre ceux qui m’ont abandonné. Leurs noms. Où ils sont. Ils ont mon attention. Je reste à leur service et finit par avoir plus d’une personne à répondre de son sang. Pour le « maitre ». Je ne m’attache à personne, ne lie aucune amitié. Tout est très simple. La vengeance est le seul but de ma vie. Celui que je sers choisit d’épouser une blonde en Inde, sans y réfléchir. Sur un coup de tête. Il meurt de mort naturelle. Enfin, c’est ce qu’on pense. Mais pas les parents. Ils n’y croient pas et blâme Marley. Pour eux, c’est une veuve noire. Ils me somment de la suivre là où elle s’est installée et d’enquêter sur elle. De savoir si elle a bien tué mon maitre. Je ne sais pas qui croire, je refuse d’abord. Moi jouer les babysitters pour blonde écervelée ? Très peu pour moi. Et puis on m’informe que les connards qui m’ont jeté y sont toujours. Alors je prends mes affaires, j’organise mon voyage et je pars immédiatement. Je fais un dossier en béton pour Madame et je suis accepté. Je serais le charmant colocataire de Marley. Elle ne sait pas ce qui risque de lui arriver. Moi non plus. Qui est prit qui croyait prendre.