Pourquoi avez-vous décidé de venir à Yellowsky ? Yellowsky... A vrai dire, j'avais déjà réussi à venir ici. Je connais le quartier par coeur pour y avoir vécu quelques temps. Je devais impérativement trouver un lieu calme où l'identité que je donnerais ne pourrait être remise en doute...  Le trafic d'armes devenait trop dangereux, Vitali et moi, on avait les autorités au cul. Alors je me suis réfugiée là quelques mois, vivant des tatouages que je faisais. Bien sûr, certains se posaient des questions. Mais personne n'a jamais pu me soutirer quoi que ce soit. Puis les affaires ont repris leur cours, alors j'ai prétendu un festival en France qui me proposait du boulot dans un stand de tatouages et je ne suis jamais revenue. Je suis en effet partie en France, puis en Russie, au Brésil, et j'ai attéri aux USA. J'y ai retrouvé mon frère Vitali. Mais Vitali était dangereux, plus encore que moi. C'est sans aucun motif, avec toute l'absurdité que représente ce monde à nos yeux, que nous avons posé une bombe dans un endroit de New York extrêmement réputé. Je devais m'exiler. A nouveau, je pensais alors venir à Yellowsky.

Et votre particularité, c'est quoi ? Ma particularité ? Honnêtement, je n'en ai pas vraiment. Je suis simplement l'une des personnes les plus recherchées sur cette terre. Pourquoi ? Pour ma folie, pour mon goût du désastre. Mon frère et moi avons repris ce que notre père nous léguait : le trafic d'armes. Mais on voyait plus haut, nos âmes étaient encore plus mauvaises. Alors nous inventions de nouvelles armes. De nouveaux explosifs. On les testait un peu partout dans le monde. Voilà en quoi je suis particulière, moi, Mary-Ann. Mais cette identité doit rester secrète. Alors pour vous, je serais simplement Eléonora, une grande voyageuse qui a eu un héritage colossal et qui se contente de tatouer. Ma candidature acceptée... Je suppose que c'était par rapport à tout cet argent et tout ce mystère autour de moi, peut-être que découvrir la personne que je suis, ça en intrigue plus d'un. Mais je n'ai pas l'intention de vous livrer la vraie moi.

Comment vous définiriez-vous ?Dangereuse. Je ne vois pas quoi dire d'autre. J'ai toujours été considérée comme une personne mauvaise, voyez, une personne qui fait le mal et qui aime ça. Dire le contraire serait mentir, je méprise tellement l'être humain que le voir souffrir ne me fait ni chaud ni froid; pour certains cas, me fait plaisir. Mais à travers mes voyages, je me suis trouvé une once d'humanité : je ne supporte pas qu'on fasse du mal aux enfants ainsi qu'aux animaux. Ce sont mes seules faiblesses. Néanmoins, jamais je ne le montrerai. Je suis arrogante, fière, prétentieuse. Bien sûr que je me considère plus importante que les autres, pourquoi devrais-je les mettre au même niveau que moi ? Je me suis battue toute ma vie, ai toujours repoussé mes limites, ai toujours tout fait pour être satisfaite de moi même. Quitte à déplaire aux autres. Après tout, notre passage sur terre est si rapide, pourquoi perdre son temps à vouloir se faire remarquer, à vouloir être aimé des autres si on ne s'aime pas soi même ? J'ai simplement décidé d'être mon propre mentor, ma fierté, mon unique Dieu. Je pense que tout cela est légitime. Aussi, une chose me rend un peu plus fière : Etant donné le nombre étonnant de différentes identités que j'ai du inventer et assumer par la suite, les voyages, les affaires... Je suis devenue extrêmement cultivée. J'avoue que c'est une chose que j'adore montrer, que la discussion soit portée sur l'Histoire ou la géographie. Je mens comme je respire, du moins, quand il s'agit de moi. Si vous me demandez gentiment de vous dire si votre nouvelle couleur de cheveux vous va bien, comptez sur moi pour être la personne la plus franche du monde, quitte à vous décevoir. Je ne prend pas de gants. Quand j'ai quelque chose à dire, je ne tourne pas autour du pot et suis directe. J'ai toujours été réfléchie mais, quand quelque chose me touche (malgré moi), je me révèle être extrêmement vulgaire et impulsive. Finalement, je suis un peu comme vous tous : Un simple personnage dans ce grand théâtre que vous appelez "LA VIE".