Vous voulez des enfants ? Et bien, vous en aurez deux pour le prix d'une. Des jumelles, fausses certes, mais jumelles quand même. Physiquement, ma soeur et moi nous ressemblons sans être identique. Entre nous, quelques secondes d'écart et un lien plus fort, que des amis, que des soeurs, notre gémellité. Quoi de plus beaux de donner la vie, à non pas une mais deux petites filles, qui se complétaient parfaitement. Une blonde, une brune, inséparables et pourtant tellement différentes. J'avais hérité du goût du voyage et de l'aventure de notre mère, mais aussi de l'amour du sport de mon père. Ma soeur était la blonde, féminine, charismatique, moi j'étais la brune, un peu garçon manqué, qui restait plus en retrait.
Je ne peux pas raconter MON histoire, ce n'est pas mon histoire, c'est notre histoire, je ne peux parler de moi sans parler d'Eden. Fusionnelles malgré nos différences, nous nous protégions l'une et l'autre, Den savait trouver les mots, les gestes dont j'avais besoin au moment où j'en avais besoin. Etre séparée de ma soeur, même quelques instants me paraissait impossible, elle était mon repère, ensemble nous pouvions tout tenter, tout réussir. J'apprenais de Den, sa façon de se comporter, de charmer les autres, je le réinterprétais à ma façon, je n'allais pas l'utiliser pour plaire, je préférais rester avec les amis que je m'étais choisi, mon cercle proche, je ne le voulais pas très étendu, je n'accordais ma confiance qu'à ce qu'il le méritait. Certains des déçus de ma soeur, tentait leurs chances avec moi, une Hamilton ou l'autre, c'était du pareil au même non ? Mais non, jamais je n'aurais pu laisser qui que ce soit s'interposer entre Eden et moi, notre relation n'incluait que nous deux, le reste du monde en était exclu. Les jumelles Hamilton était dans une bulle, chacune connaissait l'autre aussi bien qu'elle même. J'ai passé l'enfance et l'adolescence la plus heureuse du monde.
Toute petite, nous étions la fierté de la famille, Eden et Anthéa, toujours fourrées ensemble, deux jolies petites filles qui respirait la joie de vivre. Si nous n'avions aucune idée de ce qui arriverait lorsque nous serions grande, notre seule certitude était que l'on serait ensemble, pour toujours. En grandissant, cette conviction persista. Je prenais une voie différente, en plus de faire de la danse, je voulais faire du foot, ou de l'escrime, aller voir des expositions, faire de la musique. A l'école, j'étais connue sans vraiment le savoir et en prendre compte, les garçons s'intéressait à moi, je devais être moins impressionnante que ma soeur sûrement mais cela ne m’intéressait pas outre mesure aux garçons, j'avais eu des copains, pas plus pas moins que la moyenne mais sans vraiment y prêter attention. A l'adolescence, je commençais à avoir envie de voyager, de quitter Bristol, pour découvrir la planète. J'avais déjà voyager, mais en famille, je voulais le faire par moi même.
C'est à mes 18 ans que je prenais conscience que mon envie de voyage était plus qu'une envie, un besoin... Sans vraiment se le dire, il avait toujours été question, qu'une fois de plus, ce soit à deux que nous faissions nos études. Je dois dire que mon choix a surpris tout le monde, moi la première. La jolie Théa, toujours discrète refusait d'aller faire ses études, non j'allais voyager, tout en étudiant ce qui m'avait toujours tenu à coeur, la musique. Le plus dur dans mon choix, la seule chose qui aurait pu me faire rennoncer à mon projet était Den, il aurait suffi qu'elle me supplie de rester et je serais resté. Mais ma soeur savait que c'était mieux pour moi, de me laisser m'épanouir. Je voyageais sans préparation, bien que mon voyage soit bien réfléchi, j'allais de ville en village, voguait au fil de mes rencontres. Mes rencontres, justement. J'avais des aventures, par ci, par là, je me rendais compte de ma facilité à faire preuve de légèreté dans mes relations amoureuse. Jusqu'à lui. Lui, c'était Felipe, une rencontre imprévue, au Chili, à l'autre bout de la planète. Je m'étais trompée de bus, m'était retrouvée dans un patelin à l'opposé d'où je devais aller et j'étais donc un peu désorientée. J'étais rentrée dans un petit bar pour me réchauffer un peu, et là je l'avais rencontré. Avec ma soeur, on regardait les films romantiques en rigolant, oh combien l'amour rendait pathétique. Moi, qui restait généralement peu de temps à un endroit, j'étais restée 6 mois là bas. Notre histoire avait duré 6 mois. 6 mois de bonheur, je me sentais à ma place, ici au Chili. J'étais tombé enceinte. Je ne voulais pas spécialement d'enfant, mais je n'avais personne pour me conseiller, sans ma soeur, j'étais perdue. A ce moment là, j'avais besoin d'elle. Mais j'avais ma fierté, je n'allais pas l'appeler pour lui dire, que j'étais bête, je n'aurais pas du partir, j'aurais du rester auprès d'elle, que tout aurait été pour le mieux. L'amour fait faire des folies. J'étais même prête à m'installer définitivement avec Felipe, à garder l'enfant. Seulement, lui ne voyait pas l'avenir comme ça. Oui, il m'avait aimé, mais je n'étais qu'une petite anglaise de passage, une histoire sans importance.
Bouleversée, en larmes, j'avais pris le premier avion pour le brésil, était entrée dans une clinique, avait avorté et avait essayer de continuer mon voyage comme si de rien était. Mon petit jeu avait plutôt bien marché. Un jour, j'étais entré dans une cabine téléphonique sous une pulsion, et avait appelé ma soeur. J'étais rentrée auprès d'elle, lui avait tout raconté, et avait décidé de m'installer à Yellowsky, pour oublier et tout recommencer. Grâce à Den, je reprenais une vie normale.