"M. Charlie, votre chocolat." Maria pose le plateau devant mes yeux. Croissants, marmelade, petits pains grillés, un déjeuner de roi. Je suis le petit prince. J'ingurgite mon chocolat en vitesse, il fait froid dehors et le chauffeur m'attend pour m’emmener à l'école. J'ai cinq, 5.000 dollars d'argent de poche et un chauffeur privé. Papa est au conseil d'administration de la Van Rey Company et Maman est en Europe, sur un podium. Maria s'occupe de moi comme son fils, assistée de Mme Clarisse, ma gouvernante. Elle tente de refréner mes achats compulsifs de jouets. J'enfile mon manteau et prend l’ascenseur. Une longue journée d'école commence.

"CHARLIE !!!"J'entre dans la cours. Tous les regards se posent sur moi. Des filles m'appellent. Je suis une célébrité au sein de l'Upper East Side. Le fils de la première richesse de New York. Les derniers années veulent être mes amis. Avec mes 10.000 dollars d'argent de poche, j'invite des filles à sortir. Treize, quatorze, quinze ans, j'en ai douze mais je suis déjà un tombeur. Je pense qu'elles n'en ont qu'après mon argent, et cela finit toujours par se révéler vrai. Je vis bien, toujours avec Maria et Mme Clarisse. Justin, le chauffeur, m'apporte une présence masculine. Mais il n'est pas très causant.

L'appartement est grand et vide. Je m'ennuie à mourir. Une petite fête à 10.000 dollars me fera du bien. Rien comparé au 50.000 dollars mensuel de Papa. il ne rentre pas avant trois bons jours. "M. Charlie est sure de vouloir invité 100 personnes ce soir ?" Maria se fait toujours du soucis pour moi, mais elle fait toujours tout pour réaliser mes souhaits. D'un côté, elle est payée pour ça.
Les invités arrivent. Ce soir, c'est champagne à volonté et jolies filles. J'ai dix-sept ans et j'en profite chaque jour. Vince, mon camarade de débauche, est là pour m'accompagner. Il marche comme moi, aux cocktails et aux parties de jambes en l'air. Nous avons tous les deux compris comment marche la gente féminine. A coup de billets de 100 dollars. Ce soir, ce sera Eva, Katherina et Vanessa, trois mannequins rencontrées dans un bar. La soirée battra son plein jusqu'à tôt le lendemain matin. Ou plutôt jusqu'à midi.

J'ai 23 ans et mon père pense enfin à moi. Il veut que je reprenne l'affaire familiale, que je fasse quelque chose de ma vie. Il a donc pris la première grande décision de sa vie me concernant : m'envoyer en Angleterre, à la London School of Economics and Political Science. Comme tant de mes aïeuls. Un petit coup de téléphone au Directeur et j'avais ma place. Un père influant, ça peut toujours servir. Surtout quand il est là.
Assis autours de la table du salon, ma mère se fait faire une pédicure et mon père me parle de Londres. On dirait une vraie famille. Je vis toujours dans le penthouse familiale parce que mes 50.000 dollars me servent à autres choses. Ou plutôt disparaissent dans autres choses. Alcool, filles, poker ... Mon père aimerait que je place mon argent à la Bourse. Trop dangereux, et je ne verrais pas où mon argent passe. "Tu vas apprendre à gérer ton argent mon fils. Mais qui t'as appris à dépenser ton argent de cette façon. Tu n'es vraiment pas le fils de ton père." "Le fils de mon père" ? Le peu que je connaissais de lui, c'était sa fortune. Autant dire que quand le seul exemple que te donne ton père est que l'argent fait tout, l'argent devient ta seule préoccupation et ton seul leitmotiv.
Je partais donc pour Londres, dans le quartier très sélectif de Yellowsky, avec une rente de 500.00 dollars par mois. A moi les études d'économie, les soirées dans les bars, et les filles en imperméables. Pas le meilleur des programmes, mais Londres changera avec l'arrivée de M. Van Rey.