Nom : Ruskov, Armyanski, à vous de voir. - Prénom(s) : Ivan & Morten, ma mère était la seule à m'appeler Morten - Âge : 20 ans - Date et lieu de naissance : Moscou, le 7 Juillet 1992 - Nationalité : Russe - Situation sociale : pauvre... même aujourd'hui - Sexualité : hétérosexuel aux dernières nouvelles - Vie amoureuse : Vaut mieux ne pas en parler... - Emploi, études : étudiant en journalisme grâce aux relations d'Armyanski père.


Pourquoi avez-vous décidé de venir à Yellowsky ? Qui a décidé quoi ? Je n'ai jamais rien décidé, ça m'est tombé dessus comme ça, sans que je ne puisse rien y faire. On m'a dit qui était mon père, j'ai fait l'erreur de vouloir le rencontrer et au final je me suis retrouvé pris dans ses griffes. Puis malgré tout mes efforts, j'ai réalisé que je n'étais rien pour lui. La preuve, il m'a trainé jusqu'ici, auprès de son cher Demyan. Car oui, si je suis ici c'est bien parce que je n'avais pas le choix. C'était les rues de Moscou ou celle de Londres et la nouveauté a son charme, surtout quand on peut avoir un toit pour la nuit et de la bouffe à chaque repas.

Et votre particularité, c'est quoi ? Parce que ça vous intéresse de le savoir ? Et bien qu'est-ce que je pourrai vous dire. Je sais très bien me déplacer furtivement en silence avec discrétion. J'ai aussi un véritable don pour crocheter les serrures. Portes, coffres, rien ne me résiste. J'ai aussi aiguisé mes talents au point de pouvoir quitter n'importe quelle supérette, les poches pleines de nourriture, sans que l'alarme ne se déclenche. En gros, ma particularité est d'être un voleur aguerri. Que ce soit le vol à l'étalage ou le vol à la tire, je suis un as.

Comment vous définiriez-vous ? Vous en posez de ces questions !  Vous voulez la réponse qu'on attend de moi ou la vérité ? Parce que si c'est la vérité que vous voulez, je peux vous la servir sans détour. Je suis peut-être pauvre en terme de position sociale mais je suis loin d'être pauvre, ni d'esprit ni d'imagination. Je n'ai jamais reçu d'éducation, mais j'ai appris la vie dans les rues de Moscou. La douleur, les réactions d'hommes et de femmes de différents milieux. La joie, les peines, la volonté de vivre, l'amour qu'on donne et qu'on reçoit, la haine qu'on éveille et qu'on éprouve. La peur d'être enchainé, la faim, le sentiment d'abandon, parfois d'injustice. On peut imaginer que ces leçons qu'on tire de nos actes ne sont rien comparer à de hautes études universitaires mais à mes yeux cela vaut plus que des diplômes. Et puis de toute façon, j'ai toujours été plus intelligent que la plupart des gens, peut-être même trop. C'est pour ça que j'ai opté pour un comportement plus "naïf". Bizarrement plus tu as l'air stupide et plus on a tendance à t'accorder de l'attention. Bien sûr mon franc parler, l'impertinence et l'arrogance qui me touche parfois ne m'aide pas à avoir de bonnes relations avec les autres. Mais bon, une bagarre de temps en temps ne fait de mal à personne. Sinon à part ça, j'ai un profond attachement à l'entité même de "famille". Ma mère m'a enseigné l'importance des liens familiaux, l'amour et l'attention qu'on se doit de s'accorder. Je n'en ai peut-être pas l'air mais, je suis plus sensible qu'il n'y parait. Et même si j'ai abandonné l'idée d'avoir un père, je garde espoir quant à ma relation avec mon frère. En me relisant je me dis que, cet espoir fait de moi un idiot. Au fond, je ne fais que me mentir à moi même et malgré moi, je cherche par tous les moyens d'attirer l'attention de mon père. Je peux être insupportable, agaçant parce que je joue très bien les gentlemans tout en ayant une langue acérée. Et pourtant, chaque jour je change, mes objectifs me rapproche de ce qu'il désirait. Au final, aussi manipulateur que je puisse être, je suis toujours le manipulé.

LA VIE M'A RACONTÉ
à travers son regard, un horizon possible

« La vie n'est qu'un long regret de la veille. »
de Joseph Méry

Le regard fatigué, elle observait la ville endormie. Il faisait nuit, une nuit sans étoiles, froide et silencieuse. Elle frémit l'espace d'un instant, une main posé sur son ventre. L'enfant qu'elle attendait, son enfant, l'enfant de cet homme. Quelle idiote elle avait été, il n'avait eu aucun effort à la mettre dans son lit. Elle avait été sotte de croire qu'un tel homme pouvait s'intéresser à elle autrement que pour son corps. Elle laissa échapper un léger rire jaune qui se mua rapidement en sanglot qui s'éteint lorsqu'elle posa une main sur ses lèvres. Elle avait à peine eu le temps de lui annoncer qu'elle était enceinte qu'il lui avait tourné le dos. Il lui avait fait comprendre qu'il subviendrait aux besoins de l'enfant mais qu'il ne voulait plus jamais en entendre parler, ni de lui ni d'elle. L'espace d'un instant elle s'était sentie abandonner, complètement seul. Puis elle s'était reprise, ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait dans une telle situation. Elle serra son ventre avec douceur, bientôt elle ne serait plus seule, désormais elle devait être forte.


« Vous savez, personne n'est responsable de ses parents.
La naissance est un hasard. »
de Claude Jasmin

Elle avait attendu cet instant avec impatience, elle l'avait aussi redouté. Pourtant à cet instant, elle n'avait plus peur. Autour d'elle les médecins s'afféraient, mais elle était trop occupé à gérer ses émotions et les vagues de douleurs qui la submergeaient pour s'en inquiéter. Dans ce chaos assourdissant, seul une voix lui parvenait des "pousser" ou encore "respirer" qui ne l'aidaient en rien à garder son calme. Plus les secondes s'écoulaient et plus elle paniquait. Le plus douloureux n'était pas tant de devoir mettre au monde un enfant mais de n'avoir personne à qui tenir la main à ce moment culminant où la douleur était intenable. La tempête passait, elle pu enfin se reprendre alors que le nouveau né se présentait à elle. Il pleurait avec force, signe qu'il était en bonne santé, mais il n'était pas le seul à pleurer, elle aussi pleurait... des larmes de joies. Elle avait un magnifique petit garçon, plein d'énergie. Ivan Morten Ruskov, c'est ainsi qu'elle choisit de le nommer bien qu'il fut enregistré sous le nom d'Armyanski.

« La plus grande révélation est le silence. »
de Lao-Tseu

Le petit garçon avait six ans lorsqu'il se posa pour la première fois la question de savoir pourquoi il n'avait pas de papa comme les autres enfants. Il ne s'était jamais posé la question auparavant, sa mère était toujours là. Sa gentillesse, sa douceur et son sourire étaient plus que suffisant. Pourtant dernièrement il se posait des questions. Il aimait sa mère, il aimait son visage et l'attention qu'elle lui portait. Mais, il y avait comme un vide dans chacune de ses journées. Un vide impossible à définir, qui le hantait lorsqu'il posait son regard sur un père et son fils. Il avait posé mille fois la question mais jamais il n'avait eu la moindre réponse. Elle éludait ses interrogations, elle se terrait dans son silence. Elle allait jusqu'à fuir son regard ou même l'ignorer. Ivan comprit rapidement ce qu'il en était, quelque chose clocher. C'est à partir de là qu'il commença à s'imaginer tous les scénarios possibles. Son père était peut-être mort ou bien était-il violent au point que sa mère avait du fuir. C'était peut-être un soldat, un héro de guerre disparu ? Il continua de grandir, des idées plein la tête sur cet homme dont le silence de sa mère ne faisait que le titiller davantage.

« On peut grandir, et même vieillir,
mais pour sa maman on est toujours un petit enfant. »
de Jean Gastaldi

C'est aux alentours de treize ans qu'Ivan commença à s'inquiéter pour sa mère. Il avait toujours vu en elle une femme forte et volontaire. Pourtant il constatait avec désespoir qu'elle travaillait beaucoup trop dur pour subvenir à leurs besoins. Elle était si frêle, tellement fragile qu'il avait peur qu'elle finisse par s'effondrer sous tant d'efforts. Elle toussait fréquemment, elle avait parfois des vertiges. C'est peut-être la peur de la perdre qui lui fit prendre cette mauvaise habitude. Un jour en se rendant à l'épicerie, il glissa un paquet de biscuits sous sa veste. Son premier vol, une réussite qui le poussa à réitérer son exploit. Il se sentait si fier de pouvoir contribuer à ramener de quoi nourrir la famille. Puis avec les années, il voyait ça comme un jeu, une activité ludique où exercer ces talents. Mais toujours, au fond de lui, il gardait le désir bouillonnant de pouvoir aider sa mère. Et il ne comprenait pas qu'elle continue à le traiter comme un enfant. Refusant son aide, allant jusqu'à le réprimander, lui interdire de voler. Treize, quatorze, quinze, seize ans... et elle le traitait toujours comme un enfant. Dix-sept puis dix-huit ans, il enchainait les sorties, les bagarres et les vols.

« Trop espérer, c'est se préparer des déceptions. »
de Alice Parizeau

Entre ses dix-huit et dix-neuf ans et pour la première fois en près de six ans, Ivan fut arrêté pour vol à l'étalage. Il prit quelque mois de prison ce qui fut un choc pour sa mère. Cela ne l'aida pas à guérir et son état de santé de détériora. Lorsqu'il sorti de prison, il eut du mal à la reconnaitre. Il continua ses petites magouilles, peut-être avec le désir de l'aider plus encore qu'auparavant mais sans se rendre compte qu'il était en partie la cause des souffrances de sa mère. Celle-ci tint quelque mois avant de s'éteindre. Sur son lit de mort, elle avoua alors le nom de son père. Armyanski, ce nom il le connaissait, n'importe qui à Moscou le connaissait. C'était une grande famille après tout. N'ayant plus rien à perdre, Ivan décida de se présenter à ce père qui l'avait ignoré pendant toute sa vie. Il espérait retrouver une famille mais sa déception fut grande. Et si dans un premier temps son père l'accepta, il changea vite d'avis. Plus Ivan passait de temps avec lui et moins il arrivait à l'aimer. Moins il l'aimait et plus il devenait insupportable. Au final, Armyanski père décida de le trainer jusqu'en Angleterre auprès de son frère Demyan. Une partie d'Ivan était heureux, il avait l'espoir de bien s'entendre avec celui-ci pourtant au fond de lui, une petite voix lui chuchotait les prémices de la jalousie.

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