Mirilla descendit les escaliers à pas feutrés. Elle avait eu tellement de mal à endormir son fils qu'il aurait été extrêmement dommage de le réveiller d'une manière aussi bête qu'en faisant du bruit dans les marches. Si Nina était dotée du même sommeil de plomb de son père, Robin avait hérité de la grande difficulté à se laisser aller dans les bras de Morphée de sa jeune maman. Mais elle avait réussi, et elle allait pouvoir s'occuper un peu d'elle pendant leur sieste. Enfin, façon de parler.

Aujjoud'hui, Lula avit pris une grande décision. Sa meilleure amie avait jugé bon de se trouver du travail, et avait donc réservé la Rousse pour qu'elle l'aide à remplir son curriculum vitae. Et puis, la jeune femme en avait, des choses à dire. Ça n'allait pas être rapide. Mais Mirilla adorait tellement la paperasse qu'elle n'avait pas attendu un dixième de seconde pour accepter. Elle passa les mains sur son jean tout neuf, rangea les chaussures de son mari quand elle les aperçut, traînant devant le canapé, et regagna la cuisine/salle à manger.

Elle y retrouva Lula, assise devant un ordinateur portable, un crayon à la main. La Rousse se mit derrière l'évier pour commencer la vaisselle de ce midi. Elle ne comprenait pas pourquoi est-ce qu'il y en avait autant. Ils n'étaient que quatre à manger dans des assiettes, et deux dans des biberons. Pourquoi avait-elle des centaines de couverts à laver ? Elle soupçonnait sa cousine de manger entre les repas, et de ne prévenir personne pour pouvoir manger tranquille. Quelle vicieuse.

« Tu as déjà commencé, Lu' ? »

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Lula souriait. OUi, pour de vrai, vous avez bien entendu, ou lu. Ele avait enfin réussi à se faire une place dans un petit environnement qu'elle pouvait presque qualifier de familial. EN effet, elle logeait avec sa meilleure amie et sa récente progeniture donc elle parlerait plus tard, et avec celle qu'elle soupçonnait d'être sa soeur. Même si elle ne lui en avait pas encore parlé, Skinner semblait avoir enfin jeté l'ancre dans un havre de paix, enfin, surtout entre le midi et le gouter. En attendant, ou plutot en profitant de la seule heure de la journée où la maison n'était pas transformée en tranchées de la première guerre mondiale, les deux amies allaient se pencher sur un sujet plutôt sérieux, qui était la recherche d'emploi de Lula. Cette dernière, étant donné son cursus d'étude et son long voyage en Australie, ne pensait pas vraiment qu'elle aurait de la peine à se trouver un travail. Sauf qu'elle était particulièrement exigente sur le tye de travail. Se connaissant parfaitement bien, elle savait qu'il lui fallait quelque chose qu'elle aurait envie de faire, et qui ne lui prendrait pas la tête. Traduction, un job qu'elle n'abandonnerai pas au bout de 2h à cause d'une supérieure hypocrite, d'horaires impossibles où de manque de pause café.

C'était donc pour évaluer les qualités et savoirs faire de Lula, qu'elles étaient là, prêtes à poser sur papier tout ce qui leur viendrait à l'esprit. L'écriture soignée et réfléchie de Miri, alliée à l'esprit ordonné de Lula, allait bien réussir à produire quelque chose de tout à fait convenable. De toute façon c'était aujourd'hui ou jamais. Les bombes atomiques dormaient enfin. Lula semblait ne pas se lasser de menacer d'aller déménager dans la cabane au fond du jardin (hihi t'as la chanson en tête maintenant) si les umeaux n'arrêtaient pas de l'empêcher de réfléchir à longueur de temps. Mais malheureusement, la Brune avait perdu toute crédibilité et ne pouvait guère plus l'ouvrir. En effet, la Rousse l'avait prise sur le fait. Alors que Lula jouait avec la petite Nina dans les bras, et s'amusait à lui dessiner des chiffres ornés de fleurs sur un bout de papier, sa mère était entrée dans la pièce, et la seule chose que Skinner avait été capable de dire était qu'elle n'avaient pas pu résister à l'appel des yeux de l'enfant, qui était débout dans son lit et qui chantait, pendant que son petit frère rattrappait ses courtes nuits.

Bref. Il était temps de se mettre au travail. Et c'est ainsi que la Brune sortit de sa rêverie, et arrêta de regarder d'un air vide la page de traitement texte, pour le moment vierge. Elle fit tourner son crayon à papier entre ses doigts, et leva la tête vers son amie.

« Tu devrais investir dans un lave vaisselle plutôt que d'acheter des éditions collector de... Camus, le choléra, c'est ça le titre ? Non je n'ai pas commencé encore... J'attends tes lumières ! »

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Je passai ma tête à travers la fenêtre qui séparait le bar de la salle à manger, histoire que Lula puisse bien voir que je lui tirai la langue. Osait-elle rabaisser la littérature française de cette manière ? On voyait bien à quel point elle n'en avait rien à faire. Certes, elle en connaissait un rayon, pour avoir passé toutes ses années universitaires avec moi. Mais quand même. Un peu de respect. Je ne permettrais jamais de lui dire qu'il lave-vaisselle était plus important qu'une calculatrice, moi.

« Je veux pas de lave-vaisselle. Ca me détend, de faire la vaisselle à la main. »

C'était vrai en plus. Toutes ces petites choses de la vie quotidienne me permettait de me retrouver seule quelques temps, et de pouvoir penser à autre choses qu'au couches et à Batman. Je n'étais pas vraiment une mère célibataire. J'avais une meilleure amie, une cousine, et même un mari à disposition. Mais j'avais quand même l'impression d'être débordée et affreusement seule. Jamais je n'aurais cru que, même avec toute cette aide, s'occuper de Robin et Nina serait si ardu. Alors je faisais la vaiselle à la main. Ca me donnait une excuse pour être indisponible.

Je lâchai un "Ooouh" flatté quand elle me confia qu'elle attendait mes "lumières". Depuis qu'on se connaissait, on avait fait très peu de choses de ce genre seule, sans l'aide de l'autre. En fait, on avait des esprits très compatibles. J'arrivais à trouver des formules plutôt pas mal pour dire les choses mieux, plus poliment ou plus joliment, et Lula arrivait à organiser tout ça, à tout rendre carré, clair, précis et bien rangé. Ca donnait des lettres parfaites, des exposés extrêmement bons. Et j'espérais qu'on arriverait à un CV merveilleux.

Je sortis de la cuisine, toujours en train d'essuyer une tasse. Je m’emparai du babyphone par la même occasion, et le posai sur la table, à côté de l'ordinateur. Sans faire de bruit, je bougeai une chaise pour m'asseoir à côté de Lula, mon torchon à la main.

« Je suis là. Alors ! Tu veux commencer par quoi ? »

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Qu'il était beau de la voir piquée à la moindre petit blague. C'est donc en levant les yeux au ciel que la Brune passa sa main dans ses cheveux pour leur donner un volume acceptable, et surtout pour éviter qu'ils ne lui tombent devant les yeux à la moindre occasion. Car elles n'allaient pas se lancer des piques toute l'après-midi. En effet, elles étaient toutes les deux dans ce salon, l'une les yeux observant cette page blanche refusant de s'écrire toute seule, et l'autre les mains disparues dans la mousse savonneuse, pour aider la première à s'intégrer dans la vie sociale. Autrement dit... Lula allait devoir se trouver un emploi. Malheureusement, la jeune fille était plutôt difficile. Autrement dit, elle savait bien ce qu'elle ne voulait pas faire, mais en ce qui concernait ce qu'elle rêvait de faire... C'était plus compliqué. Pas question de finir avec un emploi qu'elle abandonnerai au bout de trois jours. Elle se connaissait trop pour ça.

Skinner soupira. Mirilla était désormais assise à côté d'elle, s'essuyant les mains avec son fidèle torchon. Pour ne pas donner l'impression de rien faire, elle commença par remplir les choses essentielles, qui étaient les formalités d'identité. Lieu de date de naissance, etc. Sentant le regard de la Rousse sur ses doigts tapant rapidement les petites touches, elle ajouta le plus important, qui était son diplôme d'Oxford, suivit du scan du papier officiel. De toute façon, ils pourraient vérifier, dans les salles des archives de l'école, où elle allait souvent chercher Mirilla, car cette dernière s'y enfermait régulièrement pour bosser tranquille. La présence de ces livres l'apaisait. Un tididi se fit entendre. Son portable sonna. La Brune l'ignora, et continua en silence. Puis, ayant finit cette partie concernant les études, elle se tourna vers sa meilleure amie.

« J'inclue le séjour en Australie ? »

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