Tu m'as détruite, je me suis relevée. Maintenant, c'est à mon tour d'essayer. - C'est bien le Chili. C'est beau. Y a des grands espaces. Y a des routes sans indications aussi. C'est pratique ça. Ça permet de se retrouver bloquée dans un petit village au fin fond de nulle part. Y avait un seul commerce dans le village. Un bar. Et oh, miracle, le barman parlait parfaitement anglais et avait un très certain charme. C'était étrange. On avait en même temps l'impression qu'il était parfaitement dans son élément ici, mais en même temps, qu'il n'était pas de ce monde, que ce n'était pas son univers. J'étais arrivée par hasard. J'avais rien qu'un vieux sac à dos. Pas de logements, presque pas de fric, rien. J'avais mon appareil photo. Alors, au bout de quelques verres, le barman m'a proposé de me ramener chez lui. Je pouvais pas dire non, j'étais trempée, j'avais besoin d'un endroit où me poser. Alors pourquoi pas chez lui ? Il s’appelait Felipe. Et il avait un truc en plus.  
Quelques jours, puis une semaine, puis un mois. J'habitais là. Ça c'était fait comme ça. Naturellement, sans questions. On était bien. J'étais bien. Je n'avais jamais vraiment eu d'histoire sérieuse. C'était bien ce que c'était hein, une histoire sérieuse ? J'en savais rien après tout. On avait notre petite vie. A deux. Un petit appartement, quelques meubles, son travail au bar, mon appareil photo, lui et moi. C'est tout ce qu'on avait. C'est tout ce dont on avait besoin. J'avais l'impression de le connaître depuis toujours, sans rien vraiment savoir sur lui, sur sa famille, sur sa vie. Mais ça viendrait sûrement. J'étais amoureuse. C'était tout ce dont j'étais sûre. J'avais trouvé l'endroit où me sédentariser.
C'était trop parfait. Il fallait quelque chose pour bouleverser notre petit équilibre. Oh, et cette chose, je l'avais trouvée. J'avais à peine 20 ans. Je n'étais pas prête. J'étais enceinte. Et je n'étais pas prête. C'était trop tôt. Il y a deux ans, je n'aurais pensé avoir le courage de faire face à mes parents, de quitter mon cocon familial pour partir faire le tour du monde, sac au dos. Alors, peut être que ça aussi je pourrais y arriver. Je n'étais pas seule. On était deux. On était bien. On était heureux. On avait de la place pour trois. On y arriverait.
J'étais vraiment trop conne. Évidemment que j'aurais dû me questionner. Je savais que c'était pas sa vie. C'était pas la mienne non plus. Oh oui, Felipe, s'était bien amusé. Ça avait dû bien le faire rire de me voir me prendre le mur, de me voir tomber, m'effondrer, de voir que je n'avais plus la force de me relever. J'étais arrivée sans rien. J'étais repartie avec encore moins. Juste un trou dans mon corps, un trou dans mon ventre, un trou dans ma tête. Je ne pouvais pas garder cet enfant. C'était le sien. Il devait disparaître de ma vie. Il s'appelait Felipe. Il aurait pu être l'homme de ma vie, le père de mon enfant. J'avais 20 ans et j'étais en morceaux. C'était sa faute. C'était la mienne. Maintenant, c'était juste un inconnu que je haïssais. Enfin, je ne le haïssais pas encore, ça ça viendrait plus tard. Ça viendrait quand la douleur partirait. Je rentrais à la maison. Ma nouvelle maison. Mettre le plus de kilomètres possible entre nous, c'était ça la solution. Je ne le reverrais jamais. Je ne voulais jamais le revoir. Un océan nous séparait. Je priais pour que ça soit assez.
Mais si un jour, je devais le croiser, je serais prête. J'irais bien, parce que ça sera mon tour de le précipiter dans le ravin.

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je t'aime, moi non plus - quand elle l'a vu, putain. elle n'en a pas cru ses yeux. ce dieu grec vivant était bien réel. sauf que bon, la vie n'es pas rose, les bisounours n'existent pas et eden n'a jamais été bonne pour trouver de braves types. en effet, elle a vite déchanté quand elle a su son nom. felipe, chilien, quasi son âge et beau gosse, pas de doutes. pour autant, elle a continué à le draguer, à le charmer et à faire des blagues. lui, elle lui a tout de suite tapé dans l'oeil. elle lui rappelait quelqu'un mais il ne retrouvait pas qui. et puis, il s'est pris au jeu. il lui a donné son numéro sans hésiter vu qu'il avait besoin de compagnie ici, il ne connaissait personne ici et elle lui plaisait bien. elle l'a rappelé, sans se soucier du fait qu'il la trouverait sûrement collante ou quoi, mais c'est elle qui mène les ficelles du jeu. elle veut se venger, pour sa soeur, pour l'honneur des hamilton et par pur orgueil. (début du lien, je vous expliquerais en détail:titcoeur: )  

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