J’ai poussé mon premier cri un beau jour d’été, plus précisément un 7 aout de l’année 1992. Durant mon enfance, je n’ai jamais manqué de rien, ah si, peut être l’amour d’une mère et d’un père, trop peu présents, le travail apparemment… Mon père, c’était la bourse qui le retenait, passant son temps avec des chiffres et des « marchés » qui montaient et qui descendaient, c’était un peu flou, en vérité je n’y comprenais rien. Quand à ma mères, c’était plus simple, elle défendait des criminels, coupables ou innocents, elle faisait en sorte de les maintenir dehors plutôt que derrière les barreaux, elle était avocate. Ah ! Je suis aussi fille unique… De toute façon je ne m’en plains pas, c’est très courant chez les riches, un peu comme la mode, sauf que ca ne change jamais… Avec la vie que j’avais, je devais être heureuse, j’avais tout pour mais en vérité, c’était plus compliqué… Parfois je me sentais bien, je souriais, je regardais de haut, je critiquais, j’humiliais, rien de plus normal quoi. Puis des fois c’était du bluff et je devenais agressive, donc à ce moment là il fallait éviter de m’adresser la parole, ni même me croiser. En fait, j’avais déjà mon petit caractère dont je suis si fière (si vous avez remarqué la rime, vous êtes quelqu'un d'extraordinaire (a) ).


Voici quelques unes des pages de mon journal intime, ces pages qui à mes yeux sont les plus importantes de ma vie.


La première page… J’avais 10 ans, ma mère voulait à tout prix que j’aie mon propre journal et j’ai finalement cédé…
Bon, qu’est-ce que j’écris ? Ah oui ! Cher journal… Et je dois raconter ma vie c’est ca ? Encore une idée de maman ca… « Comment se fait-il que tu n’ai pas de journal intime ? A ton âge, c’est important de s’exprimer ! Toutes les filles de ton âge en ont un ! » . Elle peut parler elle ! Elle n’est jamais là, et puis moi je ne suis pas comme toutes les autres, j’ai une penderie à moi toute seule et j’ai un portable, pas les autres. Tatiana était tellement jalouse, j’avais attiré toute l’attention en leur montrant mon téléphone, elle devait être verte la pauvre, mais bon je m’en fiche, elle n’avait qu’à pas se montrer plus riche que les autres avec ses nouvelles bottes, en plus je suis sure que c’étaient des dégriffées… Bien fait pour elle ! Bon, Angela m’appelle, surement pour manger. J’espère qu’elle ne m’a pas fait du poisson, de toute façon je le mangerais pas alors…

12 ans... Mes parents avaient remarqué que j'avait quelque de chose de plus que les autres. Et ils voulaient en avoir le coeur net, ils m'ont donc emmené chez l'orthophoniste pour savoir si j'avait bien un QI surélevé
Cher journal, aujourd’hui j’ai passé un test de Q.I auquel papa voulait tellement que je participe. Je savais que j’étais plus intelligente que les autres, c'est pas pour rien que j'ai su marcher à 18 mois ! Et puis pas besoin d’un foutu test ! Tout ca pour qu'une dame plutôt moche d’ailleurs, me pose des questions hyper simples ! Non mais sérieux, mêmes un âne pourrait y répondre… « Parmi ces 8 formes, laquelle est un parallélépipède ? » ou encore « Parmi ces chiffres, lesquels sont des multiples de 18 ? » ou d’autres conneries du genre. Pour moi la réponse m’apparaissait tellement évidente à chaque fois, je répondais tellement rapidement qu’elle n’avait même pas le temps de finir ses questions. Enfin, quand je pense à quel point sa vie doit être minable… Je ressens tellement de pitié pour cette pauvre femme, vieillir me fait vraiment flipper.

15 ans... On allait bientôt déménager et j'appréhendait un peu la nouvelle vie qui m'attendait.
Cher journal, Plus que deux jours avant l’Angleterre, j’entends déjà les habitants « Encore des pichous qui se cassent, bon débarras ! ». Pff, et bien ils savent quoi ces pécores ? J’en ai rien à carrer de ce qui peuvent dire sur nous ! Et puis c’est pas comme si les quitter me faisait de la peine, bien au contraire ! Papa dit qu’on n’aurait pas trouvé mieux et que c’est un quartier hyper sélectif, apparemment. Yellowsky… Un nom qui accroche, j’aime bien. Je n’ai aucune idée de ce à quoi ressemble l’Angleterre, ni le lieu ou on va habiter, mais on verra bien. En tout cas je reste confiante, j’ai hâte de voir ce qui m’attend, de toute façons ca peut pas être pire que tout les beaufs de Katendrecht.


20 ans… Dernière page de mon journal, je fais le compte rendu de ma vie à Yellowsky.

Cher journal, ca fait déjà 5 ans… 5 ans depuis que j’ai emménagé ici à Yellowsky. Là où j’en suis, je ne sais pas si ma vie est meilleure qu’à Rotterdam. Quoi qu’en y réfléchissant bien, je me rend compte qu’elle est très différente, plus mouvementée, plus décalée. Les gens ici sont bien loin des habitants trop banals de mon ancien quartier, ici, chaque habitant a sa personnalité, sa façon d’être. Chaque personne qu’on rencontre, c’est un autre « personnage » à découvrir et j’ai souvent été surprise. Le changement, la nouveauté, voilà ce qu’il manquait à mon ancienne vie. En parlant de changement, j’ai découvert en moi une nouvelle « activité », draguer. C’est bizarre, je n’aie jamais été une fille volage, qui enchaine les conquêtes et multiplie les aventures d’un soir, et pourtant… Les garçons ici ont quelque chose en plus que ceux d’où je viens n’ont pas, je ne saurais pas expliquer quoi, à chaque fois, le courant passe et cela prend une tournure plutôt inattendue. Et comme si cela ne suffisait pas, j’y ait pris gout… Mais bon, la luxure n’est pas un crime que je sache ! Je crois que finalement, je reviens sur ce que j’ai dit au début, je préfère largement ma nouvelle vie à Yellowsky.
PS : ca y est, j’arrive au terme de ta dernière page, cher journal, toi qui as écouté mes joies, mes coups de gueules. De la petite fille que j’étais à la jolie jeune femme que je suis devenue, sans me vanter, tu as toujours été là pour moi. Je t’écrit donc un dernier adieu avant de te fermer pour la dernière fois.