J’attendais, encore et encore j’attendais. Voilà une heure que j’avais rendez-vous et une heure que je poireautais sur ce siège inconfortable. Une heure où j’avais pu mémoriser chaque coin de la salle d’attente, compter tous les carreaux du sol. Souffler une bonne trentaine de fois, me lever et me rasseoir une bonne dizaine de fois. Lire en diagonale une bonne quinzaine de livre. Et enfin au bout d’une heure et seize minutes d’attentes, la portes s’ouvrit, un patient sortit et partit. La voix du Docteur Madison résonna dans la pièce.

« Mademoiselle Sullivan ?! »

Je me levais et je rentrais dans la pièce avec elle. La porte se referma doucement, je savais que je devais passer par là. Mais je n°aimais pas tellement. La porte claqua et je sus que je ne pouvais pas faire demi-tour, enfermée, emprisonnée ici.

« Bonjour Docteur Madison ! »
« Bonjour Yseult vous permettez ? »

Je hochais la tête positivement. Évidemment que je permettais. Sur ce genre de chose je n’étais vraiment pas pointilleuse.

« Bien ! Commençons par votre enfance ! Racontez-moi votre enfance ! »

Mon enfance. Le sujet que je détestais tant aborder et que j’allais être dans l’obligation de raconter. Une minute défila, une minute de silence pesant. Je me décidais finalement à soupir et à parler, brisant ce silence.

« J’ai grandie à Amsterdam. Mon père était un marin et ma mère une alcoolique dépressive. C’est mon frère qui m’a presque élevé. Puis alors que j’avais dix ans, il rejoignit lui aussi le rang des marins, me laissant. Je m’occupais de maman, de la maison et j’allais à l’école. L’argent on en manquait terriblement. Je n’avais que peu de chose. Je me croyais heureuse mais je ne l’étais pas. Et puis j’avais ce quelque chose qui faisait que les autres enfants ne me voulaient pas. Et d’ailleurs je ne l’est voulait pas. Je me sentais diffèrent et ils me le faisaient tellement comprendre. J’ai grandie très vite. Et j’ai été mâture bien plus rapidement que ce qu’il ne fallait. Et puis alors que j’avais quatorze ans, en rangea la maison, j’ai fait tomber une boite en carton, je n’y avais jamais prêté attention, jusqu’à présent. Son contenu s’éparpilla partout. Et je découvris des articles de journaux, des photos, tellement de chose. Dans ma tête c’était une effusion, beaucoup d’information qui me venait d’un seul coup et mon cerveau les classaient, les traitaient, les retenaient. Et je compris bien vite, mes vrais parents avaient été assassinés et j’avais été enlevée. Je grandissais, j’appelais papa et maman, les gens qui m’avaient kidnappé ! J’étais tellement furieuse. Furieuse contre eux. Je suis allée voir ma pseudo mère, je lui ai hurlé dessus comme une folle, tout ce qu’elle trouvait à dire c’était des pardon pardon pardon. Je n’en voulais pas de ses pardons. Elle m’avait privé de mes parents. De ma vie avec eux. Mon pseudo père et mon pseudo frère rentrèrent le soir découvrant « maman » en larme, ils comprirent que je savais ! « Papa », m’attrapa comme un fou, comme je ne l’avais jamais vue, et m’enferma dans la cave. Je hurlais à m’époumoner. Je voulais sortir de là. Je sentais ses larmes salées déchirés ma peau blanche. Je cognais sur la porte, à m’en faire saigner les mains. Il y avait une fenêtre une simple fenêtre. Je n’ai pas cherché à comprendre. J’ai grimpé pour l’atteindre et avec ma main j’ai cassée la fenêtre. J’étais en sang mais je m’en foutais pas mal. Et je suis partie. Je suis allée au poste de police le plus proche, je leur ai tout dit. Ayant retenue chaque chose que j’avais vue dans cette boite. J’ai encore aujourd’hui les cicatrices sur ma main, des bouts de verres de cette fenêtre. Je suis repartie chez ma tante et j’ai reçu l’héritage de mes parents. Et là j’ai retrouvés ma vraie vie. »

J’avais racontée dans le détail. Je racontais toujours tout en détail. Je voyais au fur et à mesure de mon récit, le Docteur Madison tout écrire. C’était normal. Je n’avais pas besoin d’écrire – je retenais simplement tout dans ma tête – j’avais détestée mon enfance. On m’avait privé de mes vrais parents. C’était injuste. Ils ont été emprisonnée et ma pseudo mère enfermée en hôpital psychiatrique. Je n’avais qu’une chose à dire : Bien Fait !

« C’est très bien Yseult ! Vous avez dit vous sentir différente, que vous reteniez beaucoup de chose ! Qu’est-ce que ça veut dire ? Expliquez-moi ! »

Je soupirais une nouvelle fois. Elle avait de la chose que je devais absolument passer par là pour rentrer au FBI, sinon croyez-moi que je serais déjà bien loin. Oui je voulais entrer au FBI en tant que profiler. Je pensais que ma capacité pouvait bien aider. Et j’ai mes diplômes en poche, des recommandations de personnes bien placé. Il me manquait plus que cette analyse psychiatrique, pour être sûr que je ne rentrais pas dedans juste pour être une taupe ou quoi que ce soit d’autre.

« J’ai ce qu’on appelle une Hypermnésie qui vient du grec « huper » qui veut dire avec excès et « mnésis » qui veut dire mémoire. C’est une condition psychologique qui est caractérisée par une mémoire exceptionnelle qui est due à une suractivité du cerveau. Les gens ayant cette pathologie ont beaucoup de facilité à mémoriser les souvenirs autobiographiques. Mais j’arrive à me souvenir aussi d’image bien précise, dans le détail. En fait l’hypermnésie, serait due à la conséquence que la mémoire à court terme passe en mémoire à long terme. On peut se souvenir de beaucoup de détail en très peu de temps avec une grande masse d’information. Par contre on peut avoir une dissociation du temps. Du fait qu’on se souvienne aussi bien d’information, d’événement lointain et récent, parfois la différence a du mal à être faite. Mais après c’est le contrôle de la pathologie. Je dessine beaucoup aussi quand je sens que j’ai bien trop d’information dans ma tête de peur d’en oublier. Notre cerveau réfléchit constamment. Il a besoin de classer et traiter tout le temps des informations. Voilà tout ce que je peux vous dire. »

S’en suivait ensuite beaucoup d’autre question. Mon QI par exemple auquel je lui répondis, que j’avais un QI bien bien bien supérieure à la normal. Elle me demanda ce que j’aimais dans la vie, je lui répondis lire, dessiner, faire du sport, étudier encore, travailler, faire de la psychanalyse. Je lui dis qu’à peine âgé de vingt-cinq ans, j’étais déjà en train d’écrire un livre psychanalyste.

J’ai été engagée durant un an et demi, à New-York, au sein du FBI. Mes talents servant beaucoup. J’ai résolue bon nombre d’enquête. Etudié bon nombre du sujet. M’enrichissant de nouveau talent, de nouvelle curiosité, de nouvelle découverte. Un an et demi de travail acharné et d’enrichissement culturel et d’assouvissement de ma curiosité. Mes recherches portant ses fruits. Mais j’ai eu un besoin de changement.