Samedi. Qui dit samedi dit Dylan. Qui dit Dylan dit déménagement. Qui dit déménagement dit rayon de soleil dans mon ciel nuageux... Les temps étaient durs pour moi. Non pas que je n'avais pas de travail ou que j'avais des problèmes d'argent... loin de là. J'aurais même préféré être au chômage et sans un sou plutôt que d'être enceinte d'un homme avec qui je ne suis plus ou alors peut-être d'un simple homme de passage dans mon lit. J'espérais en tout cas que Dylan allait être celui qui me sortirait de ma torpeur. Cela faisait des dizaines d'années que je le connaissais... et depuis le temps où je lui avais volé les clefs de chambre, nous ne nous sommes jamais vraiment quittés. Incroyable mais vrai... L'avoir près de moi me fera certainement sentir chez moi, plus proches de mes racines françaises.

J'avais déjà rangée la chambre qu'allait occuper mon vieil ami. J'avais aussi essayer de ranger le loft. Le sol à nouveau propre, la table maintenant visible après l'avoir débarrassée de toutes ses feuilles et de tous ses livres. La machine à laver en route, et les vêtements jonchant le sol à leur place dans ma garde-robe, je pouvais enfin accueillir le brun. Je n'avais presque aucun doute, dans quelques heures, tout sera de nouveau un réel fouillis. La sonnette me fit sortir de mes pensées et un coup d’œil dans l’œilleton me confirma la présence de Dylan derrière la porte. Mon moral n'était peut-être pas au plus haut, mais je n'allais pas m'empêcher de l'embêter une dernière fois avant de le faire entrer « salut ! c'est quoi le code pour entrer? » criai-je pour qu'il m'entende. Il n'y en avait pas vraiment, j'attendais seulement quelque chose qui me donne envie de lui ouvrir.

Dylan me manquait. Il m'avait toujours manqué. Ce besoin avait toujours était présent mais comme toute douleur, au fil du temps, on finit par ne plus la sentir. J'étais alors plus que heureuse quand il a débarqué à Londres... C'était un peu comme s'il venait apporter la bonne humeur qui faisait défaut dans ma vie parce que je sais très bien qu'avec lui, c'est impossible de s'ennuyer. « Bon ok... Ça me va. » murmurai-je pour moi même. A vrai dire, il était derrière la porte et je n'avais qu'une envie : le serrer dans mes bras. J'ouvris lentement la porte puis mes lèvres trouvèrent directement sa joue. « Mon poussiiiiiiiiin... tu m'as manqué. Ça va? Tu as fait bonne route? » lui demandai-je. Bon d'accord, j'avouais que le surnom n'était pas terrible mais je vouais un terrible et inavouable culte aux sobriquets inutiles. Je savais aussi que son hôtel ne devait pas se trouver très loin du loft mais j'étais aussi une experte des questions sans intérêt.

Me décalant pour ne pas bloquer l'entrée, je jetai un coup d’œil dans la grande pièce derrière moi. Tout d'un coup, elle me semblait moins en ordre que tout à l'heure. Je gardais énormément de choses inutiles : vieux livres, vieilles lettres, vieilles cartes, vieux souvenirs, vieux bibelots, vieux bijoux, vieux dessins... Je savais bien qu'il fallait que je fasse un tri mais je n'avais jamais eu le courage. En tout cas, si Dylan avait emmené une montagne d'affaires, j'allais être forcée de le faire. Un mal pour un bien... « Y'en a de partout... »