Encore une journée banale dans le quotidien de Caleb. Se lever, regarder ses mails et ses appels pour voir si son boss ne l'aurait pas appelé. Prendre une douche, regarder les soaps pourris du petit écran et dormir. Autant dire qu'il vit la vie d'un homme qui n'a vraiment rien à faire. Et dans un sens, c'est le cas. Sorti de prison, s'il n'avait pas été repéré par l'autre, jamais le brun n'aurait pu s'en sortir. Garder son esprit occupé, chasser les voix au fond de son cerveau, c'est de ça dont il a besoin. Et le fait de rester allongé sur un lit, un paquet de pop-corn et une bière sur la table de nuit, ça ne l'aide pas forcément. Caleb a encore eu une hallucination cette nuit-là. Le sang qui coule, les cris qui n'ont rien d'humains et les images de ses proches complètement mutilés. Un mal de crâne omniprésent depuis son réveil le démange et lui donne envie de se cogner la tête contre le mur. Un jour où l'autre, ça n'ira plus et il le sait bien. A un moment donné, les voix vont péter un plomb et il n'arrivera pas à garder le contrôle. Et cette idée le tétanise. Tout comme ce qu'il pourrait faire aux gens qui l'entourent. Pire encore, s'il tient son enfant quand il pète les plombs. Un enfant. Caleb frissonne à cette évocation. Quelques mois plus tôt, il n'aurait jamais cru être père l'année prochaine. Et pourtant. Jo est bel et bien enceinte de lui, miraculeusement. Encore quelque chose à laquelle il n'était pas du tout préparé. Comment être père quand le votre vous a abandonné et a brisé tous vos rêves ? Et surtout, si le bébé est comme lui, que lui arrivera t'il ? Tant de questions qui siffonent son esprit, au point d'augmenter sensiblement son mal de crâne en bombe dans son esprit. Allumant une cigarette, le brun claque la porte derrière lui et s'adosse contre celle-ci tout en fermant les yeux. S'il se concentre assez longtemps, peut être que ça va passer. Comme toujours. Sans Lexie pour le canaliser, il a souvent du mal à savoir quand s'arrêter. Et comme la solitude ne lui réussit pas, Caleb finit souvent par trainer jusqu'à tard la nuit, rien que pour avoir la présence d'une personne. L'homme ouvre ses yeux lentement et soupire. Une petite accalmie dans sa tête lui permet de choisir sa destination et il marche, fumant lentement sa cigarette tout en la laissant se consumer dans sa main. La cendre ne le brûle même pas. Ou bien Caleb n'arrive pas à la sentir. Peu importe. Il est déjà fout de toute façon, une main brûlée, ça ne changera pas grand chose.

Il a marché longtemps. Surement plus d'une demi-heure avant de tomber face à la fête foraine où les cris des enfants et les bruits des manèges se mélangent. Overdose de joie qui le fait sourire doucement. Lexie et lui avait l'habitude d'y aller à Limerick. Seuls, ils arrivaient à gagner le plus grand nombre de peluche du stand de carabine, si bien qu'ils ont été bannis du jeu. Cela lui parait si lointain maintenant. Les pièces qui tombent sur le sol ne l'excite plus, le brun ne ressent aucune joie à voir les enfants rire face à un clown -ces choses là sont tellement... insupportables. - Faisant volte face, le brun fume le reste de sa cigarette tout en écoutant la musique de la foire, une sorte de chanson pour enfant que tout le monde connaît par cœur. Tout le monde ou plutôt, tous les parents. Caleb grimace à ce mot et le mal de crâne revient sinueusement. Pour lui montrer une Jo pâle et du sang un peu partout. Pour lui faire comprendre que sa paternité ne sera pas forcément la plus bonne qui soit pour la rousse et l'enfant. Chancelant, Caleb s'appuie contre le mur pour reprendre son souffle. Hallucinations si réelles qui lui font perdre la tête. Des gens le regardent mais il n'en a que faire. Vivre avec cette chose dans sa tête, le brun a mis tant de temps à le contrôler qu'aujourd'hui, ça lui semble banale. Relevant la tête, une silhouette plus que familière se détache du lot, entouré par deux hommes bien alcoolisés. Hé ma jolie. Ca te dirait de passer la soirée avec nous ? On va bien s'amuser, tu verras. Connaissant Charlie et sa grande naïveté, Caleb se relève brusquement et se retrouve à leur côtés en un rien de temps. Les deux gars ont l'air prêt à le tailler en pièce mais le brun attire Charlie contre lui en posant un bras sur ses épaules et leur sourit. Désolée les gars mais on a déjà des projets elle et moi. Et n'essayez pas d'argumenter, ça ne vous servira vraiment à rien ! Dépités, les hommes se détournent en proférant des insultes et Caleb manque de cacher les oreilles de Charlie face à de tels mots. Certes, la naïveté et la candeur de la jeune femme pouvait l'exaspérer mais il y avait des limites. Retirant son bras de ses épaules, le brun se place face à elle et lui fait la morale, comme toujours. Qu'est ce que je t'ai déjà dit par rapport aux mecs louches et qui sentent l'alcool ? De ne pas les approcher ! Qu'est ce que tu ferais sans moi hein ? Il sourit et lui tape gentiment la tête comme on rabroue un enfant. Imagine ce qu'ils auraient pu te faire... Enfin, que fais-tu ici ? Caleb se place à sa droite et ils se dirigent vers la fête. L'homme fronce les sourcils. On va autre part ? Vu qu'il y a la fête là. Et avec ses paroles, Caleb ne savait pas encore dans quel genre de galère il allait se retrouver avec sa jeune amie. Il n'aurait surement pas du aborder le sujet.