Kaya Sloan Everlash, fille de Paul et Mary Everlash. Elle a tout pour réussir: l'argent, l'intelligence, la passion pour son futur métier: psychiatre. Elle aurait pu/dû briller si seulement la psychiatrie n'avait pas été plus qu'une passion, un fléau.

Dès l'âge de douze ans, la jeune fille avait déjà développé un goût très prononcé pour les maladies psychiatriques. Elle passait son temps à la bibliothèque pour trouver des ouvrages détaillés sur ces dernières. C'était devenue une passionnée. Autant dire qu'une grande carrière s'annonçait dans son futur. Très bonne à l'école, elle avait même sauté une classe. La cinquième. Elle avait beaucoup d'amis avec qui elle sortait beaucoup, tout allait pour le mieux du monde!
Mais dans l'année de ces quinze ans, son entourage constata qu'elle était devenue lunatique..

« Allez, Kaya. Descends! » J'étais au fond de mon lit, emmitouflée dans la couverture depuis deux jours. Pour tout vous dire, j'étais encore plus au fond du gouffre que du lit. Je n'avais plus goût de rien, je n'aspirai plus à vivre à vrai dire. Je voulais me lever, mais en fait, quelque chose m'en empêchait. C'était ça la crise d'adolescence ? Pile avant le brevet, elle aurait pû venir plus tôt cette connerie. La porte s'ouvrit doucement et d'un pas hésitant, ma mère entra:« Kaya ma puce, mon petit cailloux, que se passe-t-il ? Tu veux qu'on en parle ? » C'était gentil à elle, mais non. Je n'en avais pas envie. Pas du tout. Tout était noir, j'avais une boule dans la gorge et j'avais subitement envie de pleurer et de crier, devant ma mère qui ne pouvait rien comprendre. Comment aurait-elle pû comprendre.. Moi-même je ne comprenais absolument rien à ce qui m'arrivait. Je trouvai la force de me redresser. « Laisse-moi, s'il te plait. » Je savais que ça lui faisait du mal, mais je n'avais plus rien à perdre. « Mais Kaya, je ne comprends pas... Tu étais si.. pimpante au bowling l'autre jour! On aurait dit la personnification-même de la joie de vivre ! Et là, tu.. » Oh, comme il était loin, le jour où elle était si ''pimpante'' au bowling.. Pourtant, c'était il y a deux jours. Et elle s'en rappelait très bien.

« J'adore le bowling, oh la la, merci les parents! Je vous adore tellement! Les parents les plus extraordinaires de la terre entière. Que dis-je, les plus exceptionnels! Eh, ça n'vous fait pas bizarre vous le mot 'exeptionnel' au pluriel ? Moi j'ai toujours envie de dire exceptionnaux! Enorme, regardez cette grosse boule sur le toit! J'adore leur déco.. Et on pourra manger au restaurant ? Il y a en un chouette sur la route qui suit le bowling! Ils font des steaks énormes et.. » Mes parents m'écoutaient débiter mon flot de parôles insensées en rigolant, ne pensant pas une seconde à m'interrompre. J'étais heureuse, que dire, j'avais une extrème poussée de joie vraiment très agréable en moi. Tout me devenait possible, comme-ci j'avais des ailes et que je pouvais sauver le monde. A l'entrée du bowling, j'admirai tout. Tout était beau, grand, j'adorais. « Prends ces chaussures et mets-les, on pourra commencer après! » avait dit ma mère en riant toujours des conneries que je disais. « Qu'est-ce qu'elles sont moches, c'est trop énorme! » Mes parents étaient souriants mais je voyais bien que mon père avait un rire un peu jaune, faux. Lui avait commencé à avoir des soupçons. Bien évidemment, toute cette joie avait l'air un peu too much pour une soirée bowling en famille. Il était psychologue, il s'y connaissait un peu. Mais ce soir, il avait décidé de ne pas trop bousculer les choses, l'essentiel était pour lui de nous voir réunis entrain de nous amuser. Tout allait très bien jusqu'à ce que j'arrive en dernière position. Je n'étais pas si bonne au bowling, en fin de compte. Puis dès ce moment-là, une vague d'amertume et de tristesse fit table rasse sur ma joie explosive, commençant à m'entraîner dans les profondes abîmes de la déprime. « Soit pas si mauvaise joueuse, cailloux! » balança ma mère en riant.

C'est ainsi que deux jours après, le drame arriva.

« Ca va aller, je crois que je suis malade c'est tout. Laisse-moi maintenant. » Et elle s'en alla. Peut-être qu'en fait, elle aurait dû rester pour me surveiller. Je n'étais pas tellement maîtresse de moi-même là.. C'est pour cela que, sans trop m'en rendre compte, j'ouvris le tiroir de ma table de nuit puis sortis les célèbres médicaments jaunes et bleus pour le mal de tête. Je les disposai devant moi, puis les avala tous -8- en m'aidant de la bouteille d'eau située à côté. Pourquoi ? Une sorte d'instinc qui me poussait vers le néant. Pas le genre d'instinc qui te garde en vie, plutôt celui qui te l'enlève.

Après un séjour à l'hopital de trois mois, Kaya s'en était finalement sortie. Les medecins avait diagnostiqué la bipolarité. En effet, elle était capable de passer de la joie intense/extrème à la dépression mortelle. Le comble pour une future psychiatre. Du coup, le psychiatre référent lui donna une liste de médicaments à prendre quotidiennement sans fautes. Ainsi, elle put vivre normalement. Elle effectue des études poussées dans la psychiatrie et est toujours la première dans ses examens. Sa maladie ne l'empêche pas de réussir. La psychiatrie, c'est son don. Elle repère les maladies au premier regard, à la première parole. Elle est aussi capable de déceler le comportement, le pourquoi de l'agissement des gens. Une sorte de mentaliste, en quelque sorte. Impressionant, disent ces examinateurs lors des examens. Elle est dans sa dernière année actuellement.

Malheureusement, elle a fait une rechute il y a quelques mois. Cette fois-ci, les médicaments que lui avait donné son psychiatre ne faisaient plus effet, il s'agissait de renforcer les doses à présent. Et apparement, de changer d'airs. C'est ainsi qu'elle arriva à Londres, afin de refaire sa vie comme elle le pouvait..