Je suis né dans une famille pauvre. Je n'ai pas eu une enfance heureuse. Ma mère est morte quand j'étais enfant et je me suis retrouvé avec mon père qui ne lâchait plus la bouteille...

«MAX ! Viens là ! C'est quoi ça ? Bordel !» Mon père hurlait déjà et je n'étais même pas encore dans la même pièce. J'entrai terrorisé dans la cuisine – comme je l'avais toujours été devant lui. «Qu'est-ce qu'il y a papa ?» Sans que je comprenne vraiment ce qui m'arrive, j'ai vu la main de mon père fondre sur moi. Une douleur atroce me traverser alors que je réalisai qu'il venait d'exploser une bouteille en verre contre mon crâne d'enfant. Je tombai au sol sous l'impact, sonné, mon souffle étouffé et ma poitrine hurlante. «Je t'ai dit de fermer les bouteilles avant de les remettre dans le frigo ! Tu écoutes ou quoi ? Tu es content maintenant il a tourné et moi je bois quoi moi !?» Sa voix m'arrive mais c'est confus et douloureux, sentant le sang remonter et me prendre la tête comme dans un étau. Ce goût acre qui pénètre ma bouche et qui me donne envie de vomir. Je lève péniblement mon visage couvert de sang et de liquide blanc laiteux pour m'excuser. Tout simplement car je ne veux pas prendre d'autres coups. «Pardon ! Papa, cela n'arrivera plus, je te le promets...» J'ai utilisé mes dernières forces et je retombe comme assommé sur le carrelage si accueillant. Je veux tout simplement dormir à présent.

Dés que j'ai pu m'enfuir, je l'ai fait. J'ai pris mon sac. J'avais quatorze-ans et je suis allé vivre sous les ponts de Londres.Je n'avais rien, mais j'étais libre et c'est tout ce qui m'intéressait...

«Je peux encore avoir un peu de soupe, s'il vous plait ?» J'ai honte mais je tends quand même mon bol en attendant d'être servi comme les autres. Je m'essuie sous le nez tout en me plaçant à l'écart pour manger tranquillement. Ma propre odeur me répugne. Je ne sais même plus depuis combien de temps je n'ai pas pris de douche, mais je m'en fiche. Je suis mieux dans la rue que chez mon père. De ma position, mon regard qui ne cherche aucunement à être indiscret sur deux jeunes garçons de mon âge. Peut-être car cela me rassure de n'être pas le seul ici ? Je lutte mais je ne peux m'empêcher d'écouter leurs conversations. « Alors, tu t'es fait combien hier soir ? », demanda le plus petit. « Deux-cents livres et toi ? », rétorqua le grand blond. J'en laisse tomber ma cuillère dans mon bol. Mon regard hypnotisé par les billets verts qu'ils agitent dans leurs mains si fièrement. Je déglutis et j'aimerai maintenant savoir comment ils ont fait pour gagner autant d'argent ?

Oui, j'ai commencé à faire le plus vieux métier du monde. Je me suis prostitué pour survivre. J'en ai honte, très honte. Les années passèrent et j'ai rencontré des personnes merveilleuses qui ont vraiment voulus m'aider. Car il n'y avait pas que des personnes comme mon père dehors.

«  Tu sais Abel ! Rien ne t'oblige à rester comme ça ? » Je regardais Fred avec des grands yeux. Il avait été mon client, mais maintenant il était mon ami, mon plus grand ami sur cette terre. Il était professeur et ne doutait pas de mes capacités.  « Je sais...Mais, j'ai 22 ans...Reprendre des études c'est dur et j'ai pas l'argent. » Fred écrasa sa cigarette à la demande de la serveuse qui arriva avec nos plats. Je le vis commencer à manger puis entre deux bouchés bien mastiqués.«  L'argent c'est pas un problème. Tu sais que je peux te l'avancer. Mais, tu te vois te prostituer toute la vie ? » Je hochais la tête négativement tout en dévorant cette part de tarte aux pommes. Il est vrai que j'étais rentré dans une routine, mais je me voyais pas faire cela toute ma vie.  «  Ok...Mais, pour faire quoi ? J'ai même pas un diplôme... » Fred me regarda avec intensité et il me donnait le courage de toujours attendre plus de moi-même. «  Tout ce que tu veux. La vie n'a pas de limite. Qu'est ce que tu penserais d'infirmier ? Tu sembles aimer les gens et surtout les aider ? » Mes yeux s’éclairèrent. Sa proposition était parfaite, je ne savais pas si j'avais les épaules pour être infirmier, mais dés demain j'allais me renseigner.

Mais, malheureusement, il y a aussi des mauvaises personnes. C'est ainsi que j'ai rencontré Owen. Il n'a jamais eu d'estime pour moi, mais comment aurait-il pu en avoir, je n'étais qu'un prostitué. Alors, il fit de moi sa chose, son meuble. Je vis avec lui depuis 2 ans ou plutôt je survis...

- A genoux, Abel! Je t'ai acheté un petit quelque chose... J'étais intrigué, mais j'obéissais. J'arquai un sourcil alors qu'il se plaça derrière moi et qu'il passa un collier de chien autour de mon cou – très élégant, mais un collier de chien quand même. « Tu te moques de moi, Owen ? Je suis pas ton clébard ! » Devant ma surprise, Owen qui était tout sourire me frappa d'un coup sec de sa paume au visage. - Baisse la tête et dit merci !, tonna Owen qui s'installa dans son fauteuil tout en défaisant sa cravate. J'obéissais à nouveau, humilié et lui lançant ce regard glacial. Je voyais très bien quel jeu il voulait jouer ce soir. - Allez ! Rampe jusqu'à moi ! Je décidai de m'approcher tout en serrant les dents. Je ne voulais pas prendre un nouveau coup et devoir m'expliquer à l’hôpital. Car, je n'étais plus le prostitué de personne sauf d'Owen. J'étais infirmier maintenant. J'avais un vrai travail. Owen retira ses chaussures avec ce sourire sadique que je lui connaissais bien. Tout prêt de lui, il m'attrapa par les cheveux et me colla à ses pieds nus.- Dis que tu m'aimes, Abel ! Dis que je suis tout pour toi et que tu laisseras plus aucun homme à part moi faire de toi sa chienne ! DIS LE ! Ses paroles me clouèrent sur place.

Je l'ai frappé, j'ai pris ma veste et je me suis cassé car j'avais toujours mon caractère. Je sais que pour Owen, je ne suis que sa chose. Pourrais-je trouver l'amour, le véritable ? Je me noie alors dans le travail à présent et j'essaye d'être le voisin exemplaire à Yellowky; j'adore accueillir les nouveaux, garder les enfants d'un, aider pour les déménagements et autres fêtes. J'ai besoin de voir d'autres têtes et les gens de Yellowky sont tellement merveilleux, pas comme moi qui n'est rien...