Cela faisait maintenant quelques semaines que j'étais arrivé ici. Si ça n'avait pas été de ma connerie, je n'aurais probablement jamais mis les pieds à Yellowsky. Je n'avais jamais entendu parler de cette ville avant cela, car je vivais bien loin d'ici. Je m'étais installé à Paris et cela faisait un bon moment que j'y vivais. Je fêtais, m'amusais, faisais des rencontres sympathiques, je photographiais et vendait mes oeuvres... Bref, je menais une belle vie à la ville Lumière. C'était très plaisant et j'aimais bien le mode de vie que j'avais là-bas. Malheureusement, ou peut être heureusement pour moi, je ne savais pas trop, j'ai dû me rendre à Yellowsky.

En effet, j'avais commis une grave erreur à Paris. S'amuser c'était bien, mais il fallait pouvoir s'imposer des limites, ce que je ne savais pas faire avant...

J'ai fait le con avec des gars très dangereux. J'ai promis quelque chose que je n'ai pas fait et maintenant, j'en paie les conséquences. Ce type m'a bien eu; Il aurait pu s'en prendre à ma fortune, à mon domicile, à mes photos ou tout simplement à moi, mais il avait opté pour quelque chose qu'il savait qui allait m'affecter, me troubler, me perturber même: Knox. J'ignorais comment il avait su que l'on se connaissait, surtout que cela faisait des années que je n'avais pas eu de ses nouvelles. Je n'avais jamais parlé d'elle à personne en plus...

Je ne comprends toujours pas pourquoi je suis toujours aussi dérangé en sachant que Knox est en danger. Habituellement, je me foutais bien des gens. J'avais causé du tort à beaucoup de gens, je les avais trahis, je leur avais menti et pourtant, jamais je ne ressentais de remords, jamais je m'en voulais, jamais je m'inquiétais de ce qui pouvait se passer par la suite...

Cette fois-ci, c'était différent. J'avais décidé de venir ici, car je savais que Knox vivait à Yellowsky, pour venir la protéger. J'avais même demandé à un de mes amis de veiller sur elle. Lorsque j'ai quitté Knox, en lui hurlant toutes sortes de bêtises, je ne lui ai jamais redonné de nouvelles, elle non plus d'ailleurs. J'étais parfaitement conscient que les premières fois où je la reverrai, elle ne voudrait rien savoir de moi et m'éviterait surement également, surtout après ce que je lui avais annoncé... Savoir qu'un type qui vous a blessé énormément vous annonce qu'IL vous a mis dans le pétrin, du genre ta vie est en jeu... Ce n'était pas très génial et je baissais encore plus dans son estime...

Je voulais donc m'assurer d'offrir à Knox toute la protection nécessaire. Je tenterais de lui en offrir, mais cela allait être très difficile. Andreas était déjà sur le coup et veillait sur elle, mais je voulais maximiser les chances de la sauver. J'avais donc décidé d'en parler à Xena. Je savais que cette fille était très proche de Knox, elle me serait donc d'une grande utilité ! Je pensais même me servir d'elle afin de tenter une réconciliation avec Knox, mais bon, ce n'était pas pour tout de suite ! Je la connaissais à peine et probablement qu'elle n'avait jamais entendu parler de moi, il n'était donc pas logique que je lui parle de ma relation avec Knox, des raisons qui m'avaient poussé à venir ici... Arf, il faudrait que je trouve une autre façon pour l'aborder !

Je me promenais dans les rues de Yellowsky à la recherche de cette jeune fille. Par ce qu'Adreas m'avait dit, je savais que Xéna traînerait par ici en ce moment, j'avais donc une chance de la croiser.

Par le plus grand des hasards, alors que je continuais mes recherches, je fonçai sur une jeune fille qui tomba violemment au sol. Normalement, je l'aurai laissé, peut être même que je lui aurais crié une injure, mais je pris le temps de la regarder un peu. Andreas m'avait décrit Xéna et cette jeune fille au sol correspondait à cette description. Je devais donc m'assurer que c'était bien Xéna... Mais comment?

« Je suis vraiment désolé! Je ne t'avais pas vu ! » dis-je, l'air complètement dérangé par ce que je venais de faire.

Je l'aidai à se relever et lui sourit avant d'ajouter:

« Je suis Kieran...Toi ? »

Je courais un grave danger en me baladant dans ces rues. J'avais reçu des menaces, qui ne m'étaient pas toutes destinées. En effet, Knox, une amie d'enfance, courait un grave danger à cause de moi. J'étais venu exprès ici afin de m'assurer de sa sécurité. Cependant, je ne connaissais personne et je savais que Voltaire avait déjà, ou surement, envoyé de ces types ici. Je voulais avoir le plus de protection possible. J'avais déjà Andreas, c'était un gars que je connaissais bien. Il était le seul en qui j'avais confiance. Malheureusement, nous n'étions pas assez pour garantir une protection adéquate pour Knox. En fait, je ne comptais même pas là-dedans, car je savais que Knox refuserait d'être en ma compagnie. Andreas était donc seul et c'était insuffisant. Il m'avait parlé d'une certaine Xena. Apparemment, elle et Knox étaient très proches, elle connaissait bien Knox et pourrait reconnaître les gens «louches» qui feraient des invitations à Knox et ainsi pouvoir assouvir la vengeance de Voltaire. Cependant, je devais voir qui elle était, voir premièrement si c'était vrai, si elles étaient vraiment proches l'une de l'autre.. Je devais m'assurer qu'elle serait digne de protéger Knox. J'ignorais combien de gens voudraient s'embarquer là-dedans. Je ne connaissais personne, et le peu que je connaissais voulaient tous me faire la peau.

C'est donc de cette façon, aussi banale qu'un trébuchement, que j'utilisai pour faire la connaissance de cette jeune femme. Je n'avais pas trouvé mieux et surtout rien de plus subtile pour l'aborder. J'avais pensé à la technique du bar, que j'avais souvent utilisé pour arnaquer les gens. Je discutais avec eux de tout et de rien et leur payait des verres. Une fois bien bourré, je repartais avec le fric, ni vu ni connu. Sauf que pour cette fois, mon but n'était pas de l'arnaquer, mais plutôt de voir qui elle était et si elle pouvait s'occuper de Knox convenablement.

Elle passa un commentaire qui me fit rire, je devais bien jouer le jeu. En tant normal, je ne l'aurai même pas aidé à se lever et j'aurai réagi beaucoup plus négativement à la suite de ce genre de commentaire. Je lui aurais même fait porter le chapeau. Mais pas cette fois. Je devais me contrôler et faire semblant... Je devais attirer sa sympathie, je ne devais pas la repousser.

« Xena ! Enchanté de faire ta connaissance !» dis-je en lui serrant la main. J'ajoutai : « Puis-je t'offrir un café pour me faire pardonner? »

Je lui lançai un sourire qui semblait honnête et attendis sa réponse. J'espérais qu'elle accepte, sinon, j'ignorais comment j'allais pouvoir lui parler...

Elle passa un commentaire qui me fit rire, je devais bien jouer le jeu. En tant normal, je ne l'aurai même pas aidé à se lever et j'aurai réagi beaucoup plus négativement à la suite de ce genre de commentaire. Je lui aurais même fait porter le chapeau. Mais pas cette fois. Je devais me contrôler et faire semblant... Je devais attirer sa sympathie, je ne devais pas la repousser.

« Xena ! Enchanté de faire ta connaissance !» dis-je en lui serrant la main. J'ajoutai : « Puis-je t'offrir un café pour me faire pardonner? »

Je lui lançai un sourire qui semblait honnête et attendis sa réponse. J'espérais qu'elle accepte, sinon, j'ignorais comment j'allais pouvoir lui parler...

Les chutes étaient toujours humiliantes. Preuve que l'Homme avait du mal à tenir seul sur ses deux jambes, on se retrouvait toujours rabaissé lorsque l'on chutait devant quelqu'un d'autre que sa propre conscience. Pourtant, la chute avait quelque chose de libérateur également. On ne pensait plus à rien lors d'une chute, ou alors il s'agissait d'une très longue chute. Comme le saut dans le vide d'un immeuble de cinquante étages. Là on pouvait sans doute penser à quelque chose d'autre qu'à son manque d'équilibre et sa douleur au postérieur. D'un autre côté, l'instant d'après, après une telle descente, on était mort. Et ça, ce n'était pas franchement un détail négligeable. Mais là ... Xena se targuait de ne plus penser au passé et en réalité, elle passait sans doute quatre vingt pour cent de son temps à le faire, ne serait-ce que pour se dire qu'elle n'y pensait plus, et quel bien ça lui faisait de ne plus y penser. Mais en réalité, Cooper, bien qu'un lointain souvenir maintenant, remplacé par Diarmuid et Knoxlay depuis des années, ne cessait de hanter son esprit. C'est pour cela, sans doute que sa chute fut des plus libératrices. Un retour à la réalité forcée, une rencontre fortuite, c'était ça dont il fallait qu'elle s'abreuve, et non des souvenirs heureux qui ne faisaient qu'amplifier son mal-être. Elle ne se conseillait certes pas à elle-même de passer sa vie à rentrer dans les autres pour leur adresser quelques mots, mais essayer de trouver des amis autres que la famille Blueberry était sans doute un bon moyen de commencer. C'est sans doute pour cela que Xena réfléchit  à la proposition du jeune homme, et qu'elle ne partit pas tout de suite. Parce qu'au final, elle arrivait à se dire "pourquoi pas". Et sans doute, pour la première fois de sa vie, elle aurait dû relever ses barrières, mais ça, elle ne le savait pas encore.

Kieran - puisqu'apparemment, il s'agissait de son prénom - la regardait, dans l'attente d'une réponse de sa part. Vous savez , quand l'univers entier vous envoie des signaux pour vous donner le chemin à suivre parce que, de toute évidence, vous vous engagez du mauvais côté de la barrière, et l'avancée en terrain risqué semble être fatale ? Et bien sans doute que ce moment là semblait arrivé pour Xena, mais que, forte tête et surtout bien trop matérialiste elle était, elle ne perçu pas. Un chat qui miaule, un coup de klaxon, elle aurait sans doute dû être capable d'interpréter ce genre de signes, mais comme toute nouvelle londonienne qui se respecte, elle se dit que des voitures et des chats, en plein milieu de Londres, il n'en manquait pas. Alors elle releva la tête, sourit - parce que ces derniers temps, elle semblait aimer sourire - et répondit.

" Pourquoi pas, j'ai du temps à perdre de toute façon !"

Si la jeune femme blonde n'arrivait pas à capter les signaux, elle sentait toutefois quelque chose d'étrange dans la façon d'être du jeune homme. Une retenue qui n'aurait pas lieu d'être peut-être. Mais elle ne dit rien, ne se fiant pas aux pressentiments qui pouvaient l'étreindre. Avisant une terrasse de café une centaine de mètres plus loin, elle le désigna du doigt.  

" Sauf si tu as des préférences, je pense qu'on peut aller là-bas .."

J'étais ravi qu'elle accepte mon invitation. Ce geste n'avait évidemment rien de sympathique, du moins, c'est ce que je faisais. Je tentais de faire croire le contraire, car j'avais besoin d'information. J'étais peut-être un peu maladroit dans ma façon de m'y prendre, après tout, pendant des années, je n'ai jamais eu ce genre de comportement. Si je bousculais quelqu'un, j'aurai été du genre à le laisser au sol et même à rire de lui. Si je blessais quelqu'un, je m'assurais de lui avoir fait mal. Aucun de mes gestes n'avaient été gentils de ma part, j'ai toujours été un garçon méchant, qui se foutait du monde entier. Demander à tous mes proches et vous verrez qu'ils sont tous d'accord avec moi. Je n'ai aucun ami, ou presque. Je ne ressens pas le besoin d'avoir des amis. Je ne veux pas m'engager dans une relation sérieuse. Je ne suis pas ce genre de type, le genre de prince charmant qui vous attend avec une rose à la main et qui répond à vos moindres caprices. Ça, ce n'est pas moi et je ne le serai jamais, du moins, c'est ce que je pensais. J'ai beaucoup trop d'orgueil pour me rabaisser à ce niveau, à devoir servir les gens... De toute façon, je ne crois pas que quelqu'un pourrait réellement «m'endurer» En effet, je suis impulsif, arrogant, têtu... Qui voudrait discuter avec un gars qui vous conte des salades pour vous voler votre pognon, qui vous dit des injures et vous jette tout le blâme sur votre dos ou encore qui n'est pas capable d'admettre ses erreurs et le fait qu'il ne soit pas parfait? Une seule personne avait su endurer ce genre de caractère, mais j'ai réussi à lui faire changer d'idée...

Elle me pointa un petit café et je lui souris en ajoutant:

« Je suis nouveau dans le coin.. Alors, je ne connais pas d'autres endroits !»

Évidemment, je mentais, encore une fois. Cependant, c'était un mensonge près de la vérité. J'étais ici depuis quelques mois seulement... Contrairement à ce que je voulais faire penser, je connaissais bien ce quariter désormais, mais j'allais devoir mentir... Je voulais jouer le jeu du gars nouveau dans le quartier, qui a besoin d'aide pour tout, car il se sent perdu. De cette manière, je pourrais lui poser des questions sur les endroits à ne pas fréquenter, les gens gens peu recommandables... J'aurais peut-être des informations sur Voltaire et ainsi pouvoir lui régler son compte ! Nous marchions pour se rendre à ce café et c'est seulement une fois arrivé à ce café, assis à une table que j'entamai la conversation

« Alors, pour un gars qui aime bien s'éclater... Quel endroit me suggères-tu? »

Subtile ? Peut être pas. Je n'avais pas trop de temps devant moi pour étaler cela sur plusieurs jours, voir plusieurs mois. Chaque minute comptaient et je ne pouvais me permettre d'en perdre une.