Il était presque dix-neuf heures et je n'étais toujours pas prête. Un simple coup d’œil à mon miroir me fit grimacer ; cheveux encore humides, teint légèrement blafard, je n'avais pas fière allure. Il faut dire que vivre sans électricité représentait un véritable défi pour moi qui vivais toujours entourée d'appareils électroniques -citons par exemple ma veilleuse, ma cafetière et mon réveil. Sans tout cela, j'avais l'impression de survivre à la dure et je m'avouais malgré moi un peu trop fragile pour cela. Redressant les épaules, je tentai de me rappeler à l'ordre. Aujourd'hui était un jour spécial, je ne devais en aucun cas saboter l'occasion en or qui m'étais présentée. J'avais rendez-vous, sûrement pour la première fois de ma vie. Je veux dire, un vrai rendez-vous, pas un truc pour le boulot ou je ne sais quoi encore. Hésitante quant à ma tenue, je ne parvenais pas à faire un choix décisif. D'autant plus que j'étais seule au cottage, je ne pouvais donc demander de conseil à personne. Quoique de toute façon, ni Knoxslay ni Diarmuid ne m'auraient été d'un grand secours dans ce domaine... Avec un soupir, les mains sur les hanches, je piétinai au pied de mon lit où se trouvaient étendues deux robes. La première était d'une élégante simplicité, totalement noire avec un petit liseré de dentelle au niveau des épaules et du décolleté. Quelque chose de sobre, de glamour, mais surtout de discret. Quelque chose dans mon genre quoi. La seconde tenue était nettement moins sage ; d'une couleur ambrée aux beaux reflets dorés, elle était de soie et présentait une échancrure flatteuse sur la cuisse gauche. Nul besoin de préciser qu'avec un truc pareil, j'allai attirer l'attention. Mais était-ce vraiment ce que je souhaitais ?

Je décidai finalement de remettre mon sort entre les mains du destin, fermai les yeux, tournai rapidement sur moi-même la main pointée vers l'avant. Et lorsque j'ouvris les yeux, le choix était fait : j'indiquai sans l'ombre d'un doute... La robe osée. Avec un gémissement teinté d'excitation -quand même, j'avais un peu envie de lui plaire, vous voyez ?-, j'enfilai la robe sans lâcher ma pendule du regard. Si je continuai sur cette lancée, j'allai franchement être en retard et je détestais ça. La robe enfilée, j'esquissai un pas de côté pour me regarder. J'avais craint un moment que l'échancrure ne fasse vulgaire mais finalement, c'était très bien. Sexy. Ce mot résonna drôlement dans ma tête mais je le chassai d'un geste distrait. Bon, il ne restait plus qu'à achever le maquillage, et ce serait bon. J'optai pour quelque chose de délicat ; ma robe attirerait assez l'attention comme ça. Un léger trait de khôl au-dessus de mes paupières et du mascara noir firent l'affaire. J'ajoutai une touche de gloss rosé et brillant puis relevai mes cheveux en un chignon impeccable. Avec une moue amusée, je ne pus m'empêcher de me dire que j'avais l'air de ce que j'aurai dû être en tout temps : d'une héritière de bonne famille, bien élevée et toujours bien apprêtée.

Une fois ma tenue complète, je quittai le cottage non sans avoir mis mes plus jolis escarpins. Une petite veste au col de fourrure accompagna le tout et en moins de deux, je me retrouvai dans le taxi qui devait me mener en plein cœur de Londres, là où Childeric m'avait donné rendez-vous. Légèrement stressée, je regardai défiler le paysage tout en m'interrogeant sur la raison de cette soirée. Avait-il quelque chose de spécial à m'annoncer ? Depuis le fameux baiser échangé la nuit en pleine rue, nos rapports s'étaient modifiés. J'ignorai si je devais me considérer liée à lui par un quelconque lien de fidélité. Formions-nous un couple, ou quelque chose qui s'en rapprochait ? Je me fis la promesse de lui en parler, avec un peu de tact et de légèreté. Je ne voulais pas montrer que j'attachais beaucoup d'importance à ça.

Le taxi finit sa course devant le CrimeaJewel. Je payai le chauffeur et le gratifiai d'un sourire timide en sentant ses yeux glisser sur moi. Bon, au moins, l'effet était garanti... J'entrai dans le restaurant, un peu hagarde, fouillant la salle comble des yeux. Devais-je m'annoncer ? Je réalisai soudain que j'avais complètement perdu l'habitude des mondanités depuis ma venue à Yellowsky. Néanmoins ravie de quitter le quartier pour une soirée -au moins, ici, il y avait de l'électricité !-, je m'avançai vers l'accueil, digne et fière. Autant faire comme si j'avais pour principe de ne fréquenter que ce genre d'endroits. « Bonsoir, j'ai rendez-vous avec monsieur Mornington. Il devrait avoir réservé une table. » L'homme de l'accueil m'invita à le suivre en direction d'une petite alcôve isolée du reste de la salle. Impressionnée par la beauté des lieux et par l'aisance avec laquelle l'homme se mouvait entre les tables, adressant sourires et compliments aux clients, je me retrouvai face à la table recherchée sans m'en rendre compte. Il me laissa ainsi, presque pantelante, face à un Childeric souriant et avenant. Est-ce que je devais le laisser tirer ma chaise, comme dans les films ? Un peu gênée de ne pas savoir comment réagir, j’optai pour la solution d'indépendance et m'installai de mon propre chef face à lui. « Je suis désolée d'être un peu en retard. La circulation était dense, ce soir. » Bon, d'accord, j'avais surtout mis des heures à me préparer. Mais ça, il n'avait pas besoin de le savoir. Je le gratifiai de mon plus joli sourire, ne sachant déjà pas quoi dire. Non pas parce que j'étais gênée d'être là, mais plutôt parce que le silence entre nous valait son pesant d'or, parfois.

Cette journée se devait d'être parfaite jusqu'au moindre détail. Un dîner, c'était peut-être trop banal mais au moins, les silences pouvaient être comblé par la nourriture. Childéric n'avait rien prévu de particulier, enfin, pour le début de soirée en tout cas. Il avait fait faire un cadeau à la hauteur de celle qui allait le recevoir et en contrepartie il avait décidé de ne pas faire les choses en grand. Réservé une table au lieu du restaurant au complet, c'était le premier "sacrifice" qu'il avait décidé. Se contenter des cuisiniers du restaurant au lieu de faire venir les meilleurs cuisiniers du pays. Et bien d'autres choses encore. Il avait du se battre contre lui même pour ne pas faire de folies. Et finalement il s'était contenté du "minimum", quelque peu déçu de ne pas pouvoir faire plus pour ce premier rendez vous. Il ne voulait pas oppresser Primrosae en la couvrant d'or et de diamant. Il ne désirait pas lui donner l'impression de vouloir acheter son amour. Il espérait simplement pouvoir passer un bon moment en sa compagnie.

Il s'était levé à l'aube pour se rendre à la bijouterie et récupérer la commande qu'il avait passé quelques jours auparavant. Il s'était ensuite rendu dans plusieurs boutiques pour acheter un smoking, des mocassins et tout ce dont il avait besoin. Après quoi, l'après midi approchant il s'était rendu au restaurant. On lui avait préparé une table dans un coin, c'était discret, l'ambiance était parfaite, enfin, pour l'instant. Il espérait que lorsque la salle serait pleine, l'endroit ne perdrait pas de son charme. Il jeta un œil sur sa montre et se rendit compte qu'il ne lui restait presque plus rien à faire et qu'il avait encore beaucoup de temps devant lui. Il se rendit chez son coiffeur pour avoir une coupe de cheveux présentable. Après quoi il retourna chez lui. Contrairement à la plupart des habitants du quartier, le Duc avait à peine remarqué l'absence d'électricité. Il passait son temps entre son salon et sa chambre. Son salon était éclairé par sa cheminée et sa chambre, il ne faisait qu'y dormir. Pour le reste, quelques bougies suffisaient.

Il revêtit son smoking, enfila ses mocassins, se passa une main dans ses cheveux et finalement il tourna en rond pendant plusieurs heures avant de rejoindre le restaurant. Un hochement de tête, une poignée de main et un sourire plus tard, il rejoignait sa table. Il patienta une bonne heure, bien trop à l'avance, bien trop stressé. Mais ses inquiétudes et toute son anxiété s'envolèrent lorsqu'elle pénétra dans le restaurant. Y avait il seulement un mot pour décrire tant de beauté ? Childéric en avait perdu le souffle et il n'était pas le seul d'ailleurs. « Je suis désolée d'être un peu en retard. La circulation était dense, ce soir. » Bien qu'il l'écoutait, Childéric n'entendait rien, totalement hypnotisé. Il était tellement sous le choc, que Primrosae s'était assise avant même qu'il ait pu se lever. Gêné, il lui fallu un moment pour retrouver l'usage de la parole. " - Je...tu... tu es particulièrement ravissante ce soir."

Génial, maintenant il bégayait, il passa une main dans ses cheveux tout en souriant. Il devait changer de sujet et le serveur qui arrivait avec les menus allait lui être d'une grande utilité pour ça. Il prit sa carte et patienta quelques instants, sans réellement la regarder. Il savait déjà ce qu'il allait prendre, ce qui n'était peut-être pas le cas de la charmante demoiselle qui l'accompagnait. "- Je te conseil le homard, il est particulièrement délicieux." Il ne précisa pas qu'il connaissait un peu le chef cuisinier puisqu'il venait assez souvent et que celui-ci était un amoureux des crustacés. "-.... comment s'est passé ta journée ?" Il ne savait définitivement pas comment se comporter, étrangement la situation le mettait mal à l'aise. C'était stupide pourtant, il n'y avait rien de différent des fois précédentes où ils s'étaient retrouvés seuls ensemble. Enfin rien sauf peut-être une bonne quinzaine de personnes dont plusieurs qui lançaient des regards indiscrets en direction de Primrosae.

Childéric ne pu s'empêcher de se lever soudainement. "- Je... je suis désolé, je... je reviens immédiatement. Il s'éloigna un instant, se dirigeant droit sur un homme en particulier. Quelques échanges plus tard et le Duc revint vers Primrosae, sans avoir pris la peine d'attraper une rose sur le chemin qui le séparer de sa table. Rose qu'il offrit à l'incarnation même de la beauté. "- Encore désolé, je devais régler un petit détail." Sur cette simple phrase on pouvait déjà constater de nombreux serveurs et serveuses se rendre à chaque table. Et en l'espace d'une dizaine de minutes, le restaurant se retrouvait littéralement déserter.

Même si Childeric semblait plus absorber par son environnement que par la délicieuse Perimrosae, celle-ci avait toute son attention. - Alors comme ça, les Blueberry ne sont pas très fruits de mer ? Il n'était pas prêt de l'oublier, voilà une information de la plus haute importance qu'il fallait ranger dans le dossier "plaire à la famille pour mieux obtenir la fille". Enfin, ce n'était qu'une façon de penser, il n'avait pas de tel dossier en tête, bien qu'il n'ait pas oublié qu'il devait se marier, que c'était son but, son objectif final. - Je viens assez souvent, mon père est un fin gourmet, il aime particulièrement découvrir de nouvelles saveurs. Je crois que j'ai déjà goûter à toute la carte au moins une fois. Il avait dit ça avec le sourire, bien que toujours un peu crispé par l’atmosphère. Les minutes défilaient lentement et la tension du duc augmentait de plus en plus à mesure que les regards et les murmures se faisaient de plus en plus persistant. A moins que ce ne soit juste son imagination ou une forme d'agoraphobie qui lui était propre ? Il ne tint plus et se débarrassa des intrus qui le dérangeaient plus qu'autre chose.

Il esquissa un léger sourire, cette fleur n'était rien, il aurait voulu lui offrir un bouquet, non mille et un bouquets ou mieux encore, un jardin de roses tout entier. Childéric se sentait beaucoup mieux à présent que la salle était vide, il se rendait compte qu'à chaque fois qu'il passait du temps avec Primrosae, il était souvent pour ne pas dire tous le temps seul avec elle. Que ce soit sous l'arbre où il l'avait croisé jouant du violon ou bien encore lors de cette promenade nocturne, même à travers leurs échanges épistolaires. Ils n'étaient que tous les deux, il n'y avait jamais eu personne d'autre qu'eux deux. - Jalousie ? Je crois que c'est ce qui se rapproche le plus de ce que j'ai ressenti. Étrangement, le duc se sentait beaucoup mieux, plus calme, plus serein. Il avait répondu avec franchise, sans chercher ses mots. Il semblait plus décontracté, quel mot avait utilisé Prim autrefois... guindé ? Oui, il était beaucoup moins guindé à présent. - Je suis désolé, je me suis comporté de façon égoïste, je n'ai pas vraiment réfléchi... je voulais juste, pouvoir ne serait-ce que le temps de cette soirée t'avoir pour moi seul.

Il était vrai qu'il avait agis au quart de tour et qu'il n'avait pas réfléchi un seul instant à la possibilité qu'il puisse y avoir d'autres rendez-vous. Primrosae ne venait elle pas d'avouer qu'ils étaient en rendez-vous ? C'était donc bel et bien un rendez-vous ? Cette information le perturba un peu, tant et si bien qu'il commença à perdre contenance avec ses propres paroles. - Et tout ces regards, je veux dire, tu es vraiment magnifique, encore plus ou au moins autant que d'habitude et en temps normal tu es déjà au-delà du sublime. Je.... je n'aime vraiment pas ça, l'idée qu'on puisse te regarder... ou peut-être que je n'aime pas l'idée qu'on puisse te regarder à cause de cette robe alors qu'en temps normal tu es tout aussi resplendissante ? Je ne sais pas, mais... je n'aime pas ça. Et ce qu'un Mornington n'aime pas, il le supprime. Dire que c'était lui qui venait d'agir ainsi, dire qu'il venait de prononcer de telles paroles. Depuis son arrivée dans le quartier il ne se reconnaissait réellement plus du tout. Mais au fond, il se sentait mieux ainsi, plus libre, plus heureux.

C'était vraiment insupportable, Primrosae était superbe, peu importe ce qu'elle enfilait. Même en haillon elle aurait eu toute son attention par son simple sourire. Et pourtant alors qu'elle se trouvait devant ses yeux, il trouvait encore le moyen de trouver une raison à sa mauvaise humeur. Son éducation avait elle eu raison de tout ce qui pouvait faire son bonheur ou bien était ce les derniers changements survenu qui l'avaient métamorphosés ? Primrosae tenta sz "refroidir l'atmosphère" avec une sorte de plaisanterie qui tira miraculeusement les lèvres du duc en un mince sourire. - En fait, si.... j'ai bien précisé que tous le personnel masculin et célibataire devait immédiatement quitter le restaurant en même temps que chaque client. Il avait dit ça avec tant de sérieux que s'il ne souriait pas en même temps en aurait réellement eu du mal à saisir la plaisanterie. - C'était si stressant que ça ? Pour ma part j'ai du me battre avec moi même pour ne pas faire de folies mais... je ne sais pas si j'ai réussi, j'avoue que la tentation était forte. Il hésita un instant puis finalement il déposa le cadeau préparé pour l'occasion sur la table face à Primrosae. - Je... je voulais vraiment t'offrir quelque chose et je ne savais pas trop... j'espère que ça ira, je n'accepterais aucun retour par conséquent tu ne peux définitivement pas le refuser. Le collier en saphir, tailler de façon à représenter un cœur entourer de lierres, incruster de telle façon qu'on pouvait retirer la pierre du collier pour qu'elle soit mise en tant que bague. C'était original et quelque peu coûteux, Childéric espérait qu'elle ne le refuse pas malgré tout.

Ce que Primrosae dit eu un effet particulier sur Childeric, ce qu'il ressentait pour elle était à la fois nouveau, surprenant mais aussi effrayant. Il agissait peut-être de façon trop excessive, mais jamais, non jamais il ne l'aurait traité comme un objet. Cette simple idée lui fit penser à sa mère, la façon dont son père la traiter. Il s'était juré qu'il ne deviendrait pas comme lui, pourtant entendre cela de la bouche de Primrosae alors qu'ils commençaient à peine à avoir un semblant d'avenir. Cela lui était douloureux, même si elle avait été très douce dans sa façon de s'exprimer, il en ressentait une certaine amertume. Peut-être avait il voulu aller trop vite ? Peut-être était-ce une erreur de l'inviter dans ce restaurant alors qu'il ne voulait pas être comme son père. Devait il choisir de nouveaux lieux, ses propres lieux ? Non, ce n'était pas ça, le restaurant n'avait rien à voir avec tout cela. Il observait Primrosae, son sourire s'était évaporé, son regard était à la fois triste et montrer un sérieux qu'il avait perdu depuis quelque temps mais qui était toujours bel et bien présent. Il ne dit pas un mot pendant quelques secondes qui parurent sans doute des heures.

- Jamais je ne t'aurai considéré ainsi.... Toujours aussi droit, imposant d'une certaine façon, il observait Primrosae. Il donnait sans doute l'air de réfléchir à ses mots bien qu'en réalité il pesait le pour et le contre de ce qu'il allait dire. Il parlait aussi calmement que la jeune femme aux cheveux blonds. Mais son regard, l'expression de son sentiment qui dansait à travers ses prunelles, laissait voir une certaine dureté dans chaque mot, même ce qui pouvaient sembler sans importances. Il reprit presque aussitôt : - Si c'était un objet que je désirais, je ne me serais pas donné la peine d'emménager dans ce quartier. Je n'aurais pas fait l'effort d'observer avec attention chaque femme à la recherche de celle qui pouvait me plaire au point que l'idée même de l'épouser naisse dans mon esprit. Il marqua un temps d'arrêt, léger, de façon à ce que chacun de ses mots soient assimilés avec toute l'importance qu'il avait. - Si c'était un objet que je recherchais, je n'aurais pas trouvé le courage de me rapprocher de toi. Il m'aurait suffit d'un claquement de doigts pour obtenir n'importe quelle femme. Et bien que cela puisse paraitre présomptueux de sa part, c'était vrai.

Une femme belle et bien élevé, une simple potiche qui fasse office d'image de marque, il aurait pu en avoir une à n'importe quel moment, un mot, un geste aurait suffit. - Mais c'est toi que je veux, c'est toi qui me plaît. Pas seulement ton physique ou bien ton arbre généalogique. Mais toi, ton intelligence, ta personnalité, ce que tu dégages. Il retrouve peu à peu son sourire, son regard se fit de moins en moins triste. - Je suis désolé, s'il t'a semblé que je te traitais autrement que comme ce que tu es. La personne la plus précieuse à mes yeux, une pensée qu'il ne prononça pas mais que son regard tentait tant bien que mal d'exprimer. Le dîner reprit son cours, Childeric décida d'offrir son cadeau, espérant que cela pourrait rediriger la conversation vers autre chose. Primrosae ouvrit son présent, elle resta silencieuse un instant. Le duc avait prévu qu'elle soit peut-être un peu surprise, peut-être même qu'elle soit effrayé, cela était tout à fait normal. Il patienta, le temps qu'elle réalise, qu'elle recouvre la parole tout du moins. Lorsqu'elle lui demanda s'il pouvait le lui mettre, il fut soulagé et un sourire aux lèvres il se leva.

Il contourna la table, écarta les cheveux de Prim avec la plus grande douceur, tout en saisissant le collier qu'il lui attacha autour du cou. Puis profitant d'être près d'elle il prit la parole, pour donner une raison logique à ce présent, autre que l'amour qu'il éprouvait à son égard. - Je t'ai dit que je n'avais pas fait de folies n'est-ce pas ? Je veux simplement que tu comprennes que pour moi ce collier malgré son prix, n'est rien. Ceci n'est que le début et il serait préférable que tu t'habitues rapidement à mes.... facéties ? Facétie, c'était le terme qu'il avait employé lorsqu'il lui avait envoyé de nombreuses lettres. Désormais, bien qu'il ait toujours vécu avec le strict minimum, il voulait pouvoir profiter de son argent et rendre chaque instants avec Primrosae plus beau et plus mémorable les ns que les autres. - Après tout ce n'est que le début.... et même si ta seule présence suffit à rendre chaque instant.... tout simplement magique, je veux aussi pouvoir t'offrir un peu de cette magie que je vis en te regardant simplement.

Elle avait raison, il le savait et malgré tout il ne pouvait que souffrir d'une jalousie sans borne. Il était vrai qu'elle était là en sa compagnie et que malgré tous les regards du monde, tant qu'elle ne réagissait pas, il n'avait rien à craindre. Pourtant elle devait aussi comprendre qu'ils n'avaient toujours pas donné de nom à leur relation, d'ailleurs bien qu'il lui ait fait nombre de déclarations, que ce soit par écrit ou oralement, elle ne lui avait jamais répondu. Bien entendu il considérait ce qui s'était passé la dernière fois où ils s'étaient vu comme une sorte de déclaration, du moins espérait-il que ce soit le cas. Mais malgré tout... il restait sur sa réserve. Le doute, l'hésitation et une pointe d'angoisse, de ne pas être à la hauteur, de décevoir, de tout gâcher par une quelconque maladresse. Plus il y pensait et plus il doutait, de lui même, de ses sentiments, des raisons pour lesquelles il était là. Aimait-il réellement Primrosae ou bien, souhaitait-il simplement la meilleure épouse possible pour faire plaisir à ses parents?

Il observait Primrosae d'un regard extrêmement doux, lui accordant désormais toute son attention. Si on lui demandait, il pouvait donner tant de raisons pour lesquelles il l'aimait. Malgré tout, était-ce pour une apparence, des qualités...etc que l'on aimait ? Non, bien sûr que non et à bien y réfléchir, cette joie à être en sa présence, ce bonheur à simplement pouvoir la contempler, tout cela ne valait-il pas toutes les raisons du monde à aimer? L'amour avait-il une définition exacte? Il esquissa un léger sourire, il était vrai qu'on pouvait s'offrir bien des présents mais qu'aucun ne pouvait valoir les sentiments. Devait-il cesser toutes dépenses ? Oui, c'était décidé. - Tu as raison, on ne peut s'offrir ce qui ne s'achète pas. Il ne s'en était pas rendu compte, mais sa voix transparaissait une pointe de douleur. Il y avait bien des choses qu'il désirait et qu'il savait ne jamais pouvoir obtenir, à commencer par son entière liberté.- Si tu m'accordes un autre rendez-vous, je ferais en sorte de tenir compte de cette... leçon.

Il avait mis une note d'interrogation lorsqu'il avait dit 'rendez-vous" et on pouvait noter un léger rire dans sa voix lorsqu'il termina sa phrase. Les plats arrivèrent enfin, ce qui amena un court silence à cette conversation, combler par la beauté des plats et l'odeur forte appétissante. Le duc savait que le restaurant comptait un violoniste talentueux, il hésita un instant et se décida finalement à proposer à celle qu'il savait être une virtuose, ce petit plaisir qui pouvait mal finir car oui, il se souvenait parfaitement avoir cru comprendre que Primrosae était un professeur sévère... alors qu'en était-il quand il s'agissait d'un cadre plus décontracté? - Je crois savoir que le restaurant possède un jeune violoniste des plus talentueux, puisque nous sommes ici, désires-tu l'entendre?
A moins qu'il n'ait été renvoyer un peu plus tôt, à voir, il espérait que ce n'était pas le cas mais tout était possible, quel idiot il avait été.

Spoiler:

Primrosae était magnifique, tout simplement radieuse. Bien que sa robe, peut-être un peu trop osé au goût du Duc lui aille à ravir, elle n'en avait pas besoin pour le séduire. Childéric avait la fâcheuse habitude de toujours se remettre en question. Ce soir ne réchappait pas à cette règle. Il ne se connaissait pas ainsi, jaloux... était-ce réellement de la jalousie ? Peut-être était-il possessif malgré lui ? Il aspirait à être un homme bon, il faisait de son mieux pour être ce que son père attendait de lui en tant que noble, en tant que fils et en tant qu'héritier. Il essayait tant bien que mal de se montrer conciliant à l'égard de sa jeune sœur et de ses caprices tout en la considérant avec la même fermeté que son père cela dans son propre intérêt. Il se comportait de tant de façon différentes qu'à la fin, il avait du mal à se retrouver. Qui était-il vraiment ? Est-ce que sa timidité si ce n'était une profonde réserve à l'égard de la demoiselle était réelle ou bien feignait-il ses émotions de façon à lui plaire ? La séduire, la mener jusqu'à l'autel et ainsi répondre aux attentes de ses parents. Perdu dans ses réflexions, il ne pouvait que sourire pour donner le change.

- Je n'en ai pas été offenser...

Il hésita un instant, cherchant les mots justes et finalement il se décida à dire ce qu'il avait envie de dire, sans se retenir. Il ne voulait pas mentir mais il ne voulait pas non plus cacher ce qu'il pensait. Alors à sa franchise il ne pouvait qu'offrir son honnêteté.

- La franchise est une qualité et parfois il ait des choses qu'ils vaillent mieux dire sans faire preuve de tact. Les choses avancent plus vite lorsqu'on les accepte telles qu'elles sont.

En effet, il préférait qu'on lui fasse part de ses pensées et sentiments sans crainte de le blesser ou l'offenser. Bien que cela puisse lui déplaire, il voulait néanmoins savoir ce qui se cacher derrière ce visage, ces expressions. C'était peut-être un peu dur, mais, on ne pouvait pas toujours être d'accord, les quiproquos et les malentendus n'arrivaient pas que dans les films. Si ce sentiment qui oppressait sa poitrine était réel, il voulait que cette relation qu'ils créeraient ensemble soit basé sur un climat de confiance. Il rougit légèrement lorsqu'elle lui dit qu'elle serait heureuse d'avoir d'autres rendez vous. Cela était un soulagement et lui permis de se détendre d'autant plus. Le repas commença, elle semblait apprécier et ses remarques trahissait son implication dans ce rendez-vous. Childéric était heureux qu'elle apprécie le repas et qu'elle ne fui pas sa compagnie. Au fond, ce n'était que le début, amis ou bien plus encore, ce n'était pas l'heure de le définir. Tout pouvait arriver et il ferait de son mieux pour obtenir ce qu'il désirait sans avoir à la froisser en aucune façon.

Aussitôt que Primrosae eut accepté d'écouter le violoniste, Childéric envoya un des serveurs le chercher. Celui-ci était encore là, il avait l'air vraiment jeune, dix-huit peut-être dix-neuf ans. Il s'était approché, il avait l'air légèrement intimidé sans doute par Primrosae qui resplendissait littéralement dans sa robe. Après des salutations d'usages, il avait posé son regard sur Childéric qui s'était tourné vers Primrosae pour formuler la question du garçon.

- Y a t-il quelque chose en particulier que tu désires entendre ?

Childéric espérait que l'attitude quelque peu gêné du jeune homme n'entacherait pas le désir de Prim d'écouter son violon. Il connaissait le talent du petit, beaucoup ne tarissaient pas d'éloges à son sujet et il espérait que sa renommée n'était pas qu'un grain de sable dans le désert de la réussite. Surtout que le petit commentaire de Primrosae, bien que simple plaisanterie avait laisser un étrange sentiment au Duc. McDonald, dire qu'il n'y avait jamais mis les pieds, comment pouvait-il lui répondre quoi que ce soit. Pour ce qu'il en savait ce n'était pas très sain que d'y manger. Alors qu'elle puisse imaginer qu'il aurait pu l'inviter dans un tel endroit.... même pour rire....