Sujet: Comme un arrière goût de culpabilité • PRIMYAN Lun 2 Sep - 3:52
Comme un arrière goût de culpabilité ...
La prise de conscience. Dure, brutale, comme une gifle qu'il s'était pris en pleine figure. Des images floues, des ressentis physiques, il ne se rappelait rien, voyait du orange, Lisbeth, il voyait Lisbeth. Se retenant de sortir son téléphone pour téléphoner à la jeune femme, il avançait dans les rues de Yellowsky comme une ombre. Il ferait peur à n'importe qui. Il ne comprenait pas. Espérait de tout coeur que l'histoire ne se répétait pas. Le russe avait les muscles endoloris, comme s'il avait escaladé et couru. Il avait des écorchures au niveau des mains, ce qui vérifiait la thèse de l'escalade, et des bleus, ainsi qu'une coupure au niveau de l'épaule. Rien qui ne pourrait lui indiquer ce qu'il avait bien pu faire ... Mais il avait peur. Demyan, sans doute pour la première fois depuis longtemps, était effrayé. Certaines personnes ont peur du noir, des fantômes, des chats, même. Lui avait peur de lui-même. Son être, cette partie de lui qu'il connaissait sans la connaître, il en possédait une peur bleue. Il aurait voulu ne jamais avoir à se confronter à cette chose, cette horrible chose qui nichait au fond de lui, qui regroupait tout ce que lui n'était pas, mais rien de ce qu'il pouvait faire ne l'empêchait de sortir au grand jour et de montrer au monde que Samyon Demyan Armyanski ne valait rien. Il valait moins que cela encore. Des sirènes retentissaient dans toute la ville, mettant sa bonne volonté à mal. Il avait mal au crâne, il avait mal, il voulait s'enfermer loin de tout, ne plus voir personne, il voulait mourir, qu'on le laisse là, qu'on l'oublie, pourquoi diable ces sirènes ne s'arrêtaient pas d'hurler?
Le jeune homme avait chaud, il ne savait pas pourquoi. Vers quatre heures du matin, il devrait avoir froid, il devrait vouloir rentrer chez lui. Mais l'air frais semblait être la seule chose dont il avait besoin. La seule chose qui pouvait lui permettre de continuer à respirer normalement. Mais sans qu'il s'en rende compte, ses pas le menèrent exactement à l'endroit où il avait le plus besoin de se trouver. Il était quatre heures du matin. Quatre heures, et Primrosae devait dormir depuis des heures, se sentait-il de la réveiller, alors même qu'elle avait autant besoin de repos à l'heure actuelle que lui ? Mais il avait besoin d'elle, il avait besoin de comprendre, que toutes les cellules de son cerveau se reconnectent, que tout redevienne clair. La sensation d'avoir commis un acte horrible le taraudait, un acte que de son plein gré il n'aurait pas commis. Il sentait venir la crise d'angoisse, la respiration haletante, il faillit s'effondrer à trois pas de la porte de Prim, et s'adossa contre le chambranle, avant d'y taper avec insistance. Peut-être aurait-il dû réveiller Childeric, mais il n'était plus en état de penser, il n'était plus en état de rien. Avait-il encore tué? Avait-il encore blessé? A ce moment précis, il se rendait compte que les cauchemars n'existaient pas que dans les rêves, ils n'existaient, pour lui, que dans la réalité, quand les pires objets de souffrance psychiques se transformaient en véritables armes destructrices.
La porte s'ouvrit. Sans doute ne serait-il pas bien accueilli, il n'en savait rien. Il n'avait pas réellement pu regarder les flashs infos du quartier pendant qu'il arpentait les rues, avec assez de présence d'esprit pour éviter les voitures de police, au cas où il aurait réellement fait quelque chose de proscrit par les lois ... Le rôle de martyr qui allait se rendre aux autorités, ce n'était pas non plus pour lui, en réalité. Mais il leva les yeux vers sa meilleure amie. Sans doute avait-il l'air pitoyable, son t shirt arborant une magnifique petite tâche de sang et de la poussière, dû à sa course et à son écorchure, et il sentait bon le rhum. Tableau parfait en résumé.