S'il y avait bien une chose qu'on pouvait dire de Marla sans se tromper, c'était qu'elle n'était pas la fille la plus sociale au monde. La rousse avait une fâcheuse tendance à se méfier de tout le monde sans véritable raison apparente, ce qui ne l'aidait pas vraiment à s'ouvrir aux autres. Pour autant, depuis qu'elle habitait à Yellowsky, on ne pouvait que remarquer un flagrant progrès. Peu à peu, la belle réussissait à s'ouvrir à certaines personnes tout en s'épanouissant dans ce qu'elle faisait. Sa carrière de mannequin explosait, la galerie qu'elle tenait avec Shane et l'aide de Lana avait pas mal de succès et sur le plan personnel la rousse n'était pas non plus à plaindre (si on omettait le retour soudain de Kirsten dans sa vie bien évidemment). Enfin bref, tout ça pour dire que Marla était de bonne humeur, et que cet état d'esprit tombait parfaitement bien pour l’anniversaire de Jo. La cousine de Marla allait fêter ses vingt-et-un ans et la jeune rouquine voulait marquer cet évènement de la meilleure façon qui soit. La demoiselle n'était sûrement pas la mieux placée pour préparer la meilleure des surprises à sa cousine, mais lorsque Jo était concernée Marla faisait vraiment des efforts surhumains pour atteindre la perfection. Et dans le cas présent, la belle avait réussi à convaincre certains proches amis de sa cousine pour l'aider à organiser une belle surprise à la benjamine Wilshire. Bonnie et Orion avaient immédiatement répondu présents, tout comme le jeune Camille qui n'avait pas vraiment le choix, le pauvre. Le plan était très simple, pendant que Bonnie s'amusait à distraire Jo en lui faisant croire que presque tout le monde avait oublié son anniversaire, Marla et Camille préparait une petite fête en comité réduit dans l'appartement de Jo. Ni une ni deux, Marla redécora tout l'appartement de sa cousine avec l'aide de Camille, tous deux excités à l'idée d'imaginer la réaction de Jo en découvrant son salon recouvert de cupcakes et autres banderoles avec écrit "JOYEUX ANNIVERSAIRE A LA MEILLEURE DES ROUSSES" dans toutes les langues possibles et imaginables. Marla en faisait peut-être un peu trop, mais de un: elle ne savait pas vraiment comment un anniversaire normal devait se dérouler - merci Asperger - et de deux: rien n'était trop beau pour Jo alors autant en faire trop que pas assez. Dire que les anniversaires n'étaient pas son truc était un bel euphémisme, et pourtant  elle aussi excitée qu'une enfant. Il fallait maintenant espérer que Bonnie réussisse à tenir sa langue et que les quelques invités ne lui posent pas de lapins: déjà qu'ils n'étaient pas beaucoup, si des personnes se désistaient en plus il n'y aurait pas grand monde et passer un anniversaire en tête à tête sa cousine n'était pas vraiment ce à quoi Jo devait vraiment aspirer...  Maintenant qu'elle y pensait, Marla commençait à imaginer le pire: et si Jo n'aimait pas la surprise ? Et si elle ne venait pas dans son appartement ? Et si elle avait décidé de faire autre chose pour son anniversaire ? Bien évidemment, tout avait été calculé pour que ça n'arrive pas mais avec une fille comme Jo on pouvait s'attendre à tout, surtout si Dorian avait décidé de faire des siennes... La rousse avait bien tenté de l’inviter à la petite fête - car même si elle ne pouvait pas vraiment le voir en peinture, il restait une personne importante aux yeux de Jo – mais le brun n’avait mystérieusement pas répondu présent. Soit, c’était son problème, au moins elle avait tenté quelque chose. « Arrête de gigoter comme ça, elle va venir ! », tenta de la rassurer Camille pour au moins la dixième fois dans l’après-midi. Il n’avait sûrement pas tort mais Marla avait cette fâcheuse tendance à douter de tout même si les invités étaient maintenant tous là… Comme pour venir lui montrer qu’elle avait tort de douter, la porte s’ouvrit sur Jo et Bonnie. La surprise pouvait commencer ! « BON ANNIVERSAIRE JO CHERIE », se mit-elle à crier avant d’enlacer sa cousine.

Elle ouvre une paupière, puis l'autre. Les rayons de soleil s'échappaient de l'extérieur et viennaient chatouiller sa joue à travers les fins rideaux blancs qui encadraient la fenêtre. La rousse râla puis se retourna, dos à l'ennemi. Si elle le pouvait, elle resterait dans son lit pour un paquet d'heures encore. Mais elle avait soif, une soif qui la força à se lever de son lit. Lorsqu'elle se redressa, des étoiles se mirent à danser devant ses yeux. Dans le genre plus agréable au réveil on a vu mieux. Du genre maman qui venait lui apporter le petit-déjeuner au lit. La belle époque. Une fois en bas elle aperçut son reflet dans le grand miroir qui surplombaient l'entrée. Ses cheveux emmêlés et son maquillage dégoulinant lui rappelaient où elle était hier soir. Non, Jo n'était pas vraiment une mère très responsable. Troublée, elle passa une main dans sa tignasse ébouriffée avant d'observer sans grand intérêt le calendrier. Trois juin. Trois juin... Oh, c'était son anniversaire. Super, elle vieillissait. Bientôt elle serait ridée et adieu visage quasi parfait. Adieu jeunesse. Elle haussa les épaules avant d'attraper un verre. Evidemment, il n'y avait plus de jus d'orange. Jo râla pour la troisième fois depuis qu'elle était levée, avant de boire du jus de pomme directement à la bouteille. Il lui suffit de lever le regard pour apercevoir Camille posé devant la télé. Même si elle avait tendance à se foutre de rien mais surtout de tout, elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir un petit pincement au coeur. Tous les jours ils cohabitaient dans leur bulle respective, volant parallèlement l'une à l'autre, sans jamais qu'elles se touchent. Il était là, mais c'est comme si il ne l'était pas. Et vice versa. Les conversations se limitaient à l'école. Ce gamin était difficile à cerner, vraiment difficile. Il ne l'appelait même pas maman et préférait largement la compagnie de Dorian selon la rousse. Mais elle veillait sur lui. La rousse s'avanca près du canapé, et posa une assiette de pancakes sur la table basse. A la télévision, son émission préférée. Au début, ils la regardaient ensemble, lui, parce que ça le mettait de bonne humeur, Jo, pour rire avec lui et lui faire plaisir. Elle n'a jamais été fan de ce genre de dessins animés mais c'était un bon moment à passer à deux. Et parfois elle riait. Une fois, deux fois. Trois quand c'était vraiment un bon début de journée. Aujourd'hui elle ne riait pas. Mais l'esquisse d'un sourire éphémère naquit sur ses lèvres avant d'y mourir. « Marla va venir te garder aujourd'hui. » Mère indigne. Sa cousine voyait plus son propre fils qu'elle même. « Comme d'habitude. » Peut-être bien qu'il s'en foutait, sûrement d'ailleurs. Mais Jo le prévenait quand même. Ça lui faisait bizarre, quand même, que Camille soit aussi froid. Un enfant de dix ans ne devrait pas être comme ça. Remarque, quand on connaissait sa mère, on comprenait d'où ça venait. Enfants déprimés, blasés, handicapés des mots. « Ça serait bien qu'on passe une journée rien qu'un deux un de ces quatres. Enfin, pas aujourd'hui. Bonnie ne devrait pas tarder. »
En effet, pour une obscure raison, Bonnie avait lourdement insisté pour une virée entre amies à Londres. Pourquoi aujourd'hui ? Bonne question. Jo espérait simplement que cela ne concernait en rien son anniversaire. Car, si autrefois la rousse adorait fêter son anniversaire, cela faisait déjà quelques années qu'elle n'aimait plus cela. La raison ? Aucune. Ou peut-être détestait-elle le fait de vieillir. Avait-elle peur de cela ? Probablement. D'ailleurs, les Wilshire ne vivaient pas fort longtemps. Soit ils mouraient d'une maladie, soit ils se faisaient assassiner. Et Jo espérait que Camille ne la tue pas un jour. Une chose qui n'arriverait probablement jamais étant donné qu'il n'était pas un Wilshire proprement dit, et par conséquent, il n'était pas fou comme tous dans cette foutue famille.
La journée avec miss Carter se passa relativement bien. Entre potins et critiques, tout le quartier y passa. Pas un habitant n'y échappa et, pour on ne sait quelle raison, Jo critiqua longuement Enola. Ce fut seulement aux alentours de sept heures que Bonnie accepta enfin de rentrer. Et lorsque la rousse passa la porte de son appartement, suivie de près par sa meilleure amie.. « BON ANNIVERSAIRE JO CHERIE ». Mini crise cardiaque. Qu'est-ce que Marla fichait là ? Oh Bonnie et Camille étaient dans le coup, les bougres. « Merci poil de carotte. » répondit-elle avec un sourire crispé. Mais la réaction de Jo n'était rien comparé à celle qu'elle allait avoir en voyant autant de personnes réunies en même temps sous son toit. Et son appartement... Jo manqua de s'évanouir en voyant tout ces "happy b-day" dans toutes les langues possibles. « Marla, qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Je ne t'ai jamais dis que je détestais fêter mon anniversaire ? »

La famille, c’est important. Du moins c’était ce que pensait Marla qui ne serait sûrement jamais ce qu’elle était sans eux. Soyons honnête, être rousse et avoir Asperger n’était pas vraiment les deux meilleurs critères au monde pour se faire une place socialement. Bien évidemment, Marla s’en fichait pas mal – là était d’ailleurs toute la définition du syndrome d’Asperger – mais toutes les moqueries qu’elle s’était prise en pleine tête depuis son enfance avaient néanmoins laissé des marques sur elle, des marques qui auraient été bien difficile d’effacer sans le soutien de sa chère famille. Alors peut-être que beaucoup ne comprenait pas l’alchimie qui la liait à sa famille, peut-être était-elle trop attachée à Sephora, Ruby, ses parents, Shane et surtout Jo, mais Marla était bien loin de se préoccuper de ce que pensait les autres à ce sujet. Elle était là pour eux, peu importe les erreurs ou les mauvais choix qu’ils pouvaient bien faire. Elle était peut-être socialement à la traine, mais au moins elle faisait des efforts pour s’améliorer comme pouvait le prouver la petite fête surprise qu’elle avait préparé pour le vingt-et-unième anniversaire de Jo. Pour une raison obscure que Marla ignorait, sa cousine détestait fêter son anniversaire. Pour une personne sensée, ce détail aurait suffi pour s’abstenir à organiser une soirée anniversaire surprise, mais la rousse s’était mise en tête de lui faire changer d’avis en lui organisant le meilleur des anniversaires possibles. Tout le monde autour d’elle avait d’ailleurs répondu présent pour l’aider, Camille et Bonnie les premiers. Marla avait beau se persuader que faire une surprise à sa cousine était une bonne idée, elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer le pire, craignant surtout que Jo la déteste jusqu’à la fin de ses jours…Après tout, les ballons et le gâteau à son effigie, c’était peut-être trop, non ? Ce n’était pas comme si Marla savait faire dans la juste mesure en même temps ! Enfin soit, maintenant c’était trop tard pour revenir en arrière, elle n’avait plus qu’à attendre que Jo débarque selon ce qui était prévu avec Bonnie. Tic-tac. L’heure tournait et toujours rien. Et si Jo ne venait pas ? Ils auraient l’air bien malin à tous attendre dans son salon pour rien… Au bout de longues minutes qui paraissaient durer une éternité aux yeux de Marla, une figure rousse passa le palier. Pauvre Jo, ça devait faire un choc de rentrer chez soi et de voir la moitié de ses amis dans le salon redécoré en son honneur…  « Merci poil de carotte », répondit Jo une fois remise de ses émotions. Oh, oh, ça ne sentait pas très bon tout ça, Jo faisait une sale tête… « Marla, qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Je ne t'ai jamais dit que je détestais fêter mon anniversaire ? ». Le visage de Marla se décomposa en moins d’une demi-seconde. Super, elle avait voulu lui faire plaisir et voilà que Jo le lui reprochait. Elle avait juste envie de s’enterrer six pieds sous terre. « Désolée, je voulais juste te faire plaisir… », répondit-elle affreusement déçue que sa surprise ne plaise pas à sa cousine. « Je peux renvoyer tout le monde si tu veux. », ajouta-t-elle sans oser la regarder dans les yeux. Sans attendre la réponse de sa cousine, Marla s’éloigna vers les invités, prête à leur dire que la fête était finie à peine Jo arrivée. Les pauvres, ils avaient attendu des heures pour rien à cause d’elle. Quelle idée de se lancer dans un anniversaire surprise alors qu’elle n’y connaissait rien en matière sociale en même temps, c’était idiot… « Bon euh… », commença-t-elle, prête à commencer son discours. Comment annoncer aux autres qu’ils devaient revenir d’où ils venaient ? Ce n’était pas la plus facile des choses à faire pour une fille comme Marla… « Alors, euh. Jo ne sent pas très bien, elle préfère se reposer. Prenez le gâteau si vous voulez. », finit-elle par réussir à dire avant d’ouvrir la porte d’entrée pour faire signe aux invités de sortir. Bien évidemment, la malchance n’arrive jamais seule. Au moment d’ouvrir la porte, Marla se retrouva nez à nez avec…Kirsten. « Kirsten ? », lâcha-t-elle plus qu’étonnée de la voir ici. C’était bien sa veine, Jo la rejetait totalement et maintenant Kirsten se pointait comme une fleur. « Qu’est-ce que tu fais ici ? », lui demanda-t-elle avant de la rejoindre sur le palier. Quitte à parler avec elle, autant le faire à l’abri des regards des gens qui ne pouvaient pas voir la brune en peinture…

Une journée où le soleil pointait le bout de son nez à travers cette grisaille habituelle sur Londres. Elle était allongée sur son lit, observant un plafond à la couleur blanche écaillée. Un coup de pinceau aurait suffit à un peu plus égayer cet endroit qui était son lieu de vie, mais elle n'en avait le courage, préférant se consacrer à autre chose que de perdre son temps à repeindre un appartement qui n'était qu'un accessoire à sa vie. Une vie qui ne cessait d'être chamboulée par des événements dont le dernier en date était cette fille aux cheveux roux qu'elle n'arrivait à se sortir de la tête. Elle était en manque. De cette fichue rousse qu'elle avait toujours détestée depuis le pensionnat . Terriblement. Et elle ne pouvait se le permettre. Il fallait qu'elle s'en aille au plus vite de son existence. Et pour ça, elle devait user de tours plus sinistres les uns que les autres. Une cruauté qu'elle devait exercer sur son être, jusqu'à ce qu'il flanche, qu'elle disparaisse, comme tout ces gens auxquels elle avait un jour tenue et qui avait fini par s'envoler de son existence car elle n'arrivait à créer un lien assez fort, assez complice. Ses paupières se fermèrent et elle se sentit vide, vide à la perspective qu'elle ne la reverrait jamais une fois qu'elle lui aurait dit ce qu'elle ressentait pour elle. La sonnette de son appartement retentit, elle soupira avant de dérouler son corps, se dirigeant vers la porte d'entrée qu'elle entrouvrit...Et elle roula des yeux à la vision de son colocataire qui afficha un sourire conquis. « Salut Kirsten.» dit le jeune homme en poussant la porte, entrant dans l'appartement, regardant autour de lui comme s'il cherchait quelque chose ou quelqu'un. « Je suis occupée donc si tu pouvais me laisser... » Mais il l'interrompit, affichant l'un de ses sourires excités par une nouvelle dont il connaissait déjà l'origine. « Je le savais que tu n'aimais pas les gars !  »  Le visage de Kirsten se décomposa. « . Écoute moi bien. Si tu dis quoique ce soit, je te ferais la peau mon vieux. » Le dernier mot avait été assassin, froid, mais cela n'avait suffi qu'à renforcer les convictions de ce type dont le sourire s'agrandissait. « Ne nie pas, sinon comment aurait-tu pu me résister ? »  Pas faux . « Merde, occupe toi de toi et fiche moi la paix ! » s'écria la brune devant le regard offusqué du jeune homme. « Bien, je vois que tu as l'air d'excellente humeur. Si mademoiselle veux parler, je serais dans mes appartements.  » fit-il en faisant la révérence avant d'éclater de rire. Puis il se dirigea vers la porte de sa chambre d'un air digne, mais cela se lisait sur ses traits qu'il était blessé par cette agressivité soudaine. Et dire que ce type était le petit ami de Marla... elle ne pouvait pas la lui laisser.

Elle marchait dans l'une de rues de Yellowsky , portant une tenue des plus habituelles, une musique envoûtante se déversant dans ses oreilles. Elle restait impassible, glissant l'une de ses mains dans la poche de son jean slim  avant de bifurquer dans une ruelle plus calme qu'un timide soleil éclairait . Prendre l'air ne lui avait permis de se changer les idées, car même quand elle n'était là, Marla occupait pleinement ses pensées et cette obsession commençait à peser sur une personnalité qui se criait revêche et instable. Elle s'arrêta devant une boutique de vêtements, laissant son regard couler sur des tissus qu'elle rêvait de porter. Son regard glissa vers un coin de la baie vitrée et elle la  vit, sur le trottoir d'en face. Son coeur fit un bond dans sa poitrine, un sursaut qu'elle ne pouvait plus tolérer. Son regard mira ce reflet pendant quelques secondes avant que ses yeux ne virent à la rencontre d'un homme qui était accolé au mur, un peu plus loin, observant ses courbes mise en valeur. Cependant, Kirsten ne porta aucune attention à cet homme, préférant observer de loin la jolie rousse. Et si elle la suivait, si elle allait tout lui avouer maintenant ? Au diable son petit ami, au diable Barth, au diable son père. Elle en avait assez de se cacher, de faire semblant d'être une autre personne. Après tout, il n'y avait rien de mal à aimer une femme. Kirsten trouvait les hommes idiots, inintéressants et bon qu'à vous mettre le coeur en morceau. Alors la brune avait décidé d'être plus intelligente et de ne pas se laisser manipuler par de sales types ayant pour seul but de la mettre dans leur lit. Après un rapide coup d'oeil à son reflet dans la vitrine,  Kirsten décida de suivre la rousse puis attendit devant l'appartement où Marla venait d'entrer. La brune faisait les cent pas tandis qu'elle réfléchissait à ce qu'elle pourrait bien lui dire.  Après de longues minutes, la jeune femme prit son courage à deux mains et monta les escaliers à une vitesse folle, sans prendre la peine de reprendre son souffle. Elle ignorait où la rousse était passé mais peu importe, elle la trouverait bien. "Joanne Wilshire, appartement dix-huit" Wishire... Intéressant. Sans prendre le temps de réfléchir, Kirsten s'appreta à frapper à la porte . Mais sans qu'elle n'eut le temps de le faire, cette dernière s'ouvrit brutalement, laissant apparaître Marla et une dizaine de personne derrière elle. « Kirsten ? Qu’est-ce que tu fais ici ? » Que faisait-elle ici ? Bonne question. Ne sachant quoi répondre, Kirsten la regarda bêtement. « Et bien ... Oh ferme là Wilshire. » fit-elle en roulant des yeux. Et elle l'observait, écrouée par ce désir qui ne cessait de grandir à force que les minutes s'égrainaient. Son coeur battait à une vitesse folle, voulant s'envoler de cette cage, éclater dans un ciel bordé de ces étoiles qu'elle ne pouvait atteindre, qui étaient le synonyme de sa délivrance. Sa bouche vint retrouver celle de la rousse, bouche qu'elle captura, l'embrassant avec une passion démesurée tandis que les mains de Kirsten vinrent encadrer le visage de la rousse. Sa peau était aussi soyeuse que la brune avait imaginé, un satiné parfumé. Après quelques secondes, Kirsten se détacha, restant parfaitement stoïque et sans voix, ne pouvant détacher son regard du sien, perdu dans cet océan qui illuminait son délicat visage, d'une fraîcheur et d'une beauté si fragile.

En vingt-deux ans d’existence, la jeune Marla avait eu le temps d’en connaitre des déceptions. Petite, elle avait été affreusement déçue de voir que ses parents préféraient la cacher – elle et son Asperger – dans un pensionnat de bourgeoises construit pour animer des faux semblants, plutôt que de l’assumer aux yeux du reste de l’aristocratie anglaise. Adolescente, les critiques des autres élèves n’avaient rien arrangé. Jeune adulte, elle n’avait pas compris que seule sa cousine aînée se réjouisse pour elle et la soutienne dans sa décision de devenir mannequin. Et puis maintenant ça ne s’arrangeait pas tellement… Ce n’était pas évident d’être une rousse asociale victime d’Asperger… Oui, elle en avait connu des déceptions, mais tout cela n’était rien comparé à ce qu’elle venait de vivre. Jo n’avait pas aimé sa surprise. Pire, elle l’avait détesté à tel point que Marla s’était vue obligée de renvoyer tous les invités chez eux. Quel genre de cousine affreuse pouvait-elle être ? Elle aurait dû deviner que Joanne détestait fêter son anniversaire ! C’était bien le genre de choses qu’elle était censée savoir, non ? Dire qu’elle n’y connaissait rien en relations humaines était un bel euphémisme, mais il y avait des limites, elle aurait pu le savoir ça… Enfin bref, la pauvre rouquine se sentait affreusement mal, comme si son cœur venait de se faire piétiner par un troupeau d’éléphants en colère. L’image n’était peut-être pas la mieux choisie mais elle illustrait plutôt bien ce qu’elle ressentait. Quoi qu’il en soit, Marla devait faire avec et essayer de mettre sa déception de côté pour ne pas envenimer la situation. Avec un courage qu’elle ne se connaissait pas, la rouquine avait réussi à braver la foule dangereuse – enfin à ses yeux bien évidemment – d’invités pour annoncer la fin de l’anniversaire surprise de Jo. Pauvre Marla, en plus de décevoir Joanne, elle passait pour une véritable cruche devant la moitié des habitants de Yellowsky… ça n’allait pas arranger les choses avec sa sociabilité, c’était certain ! En même temps…Ce n’était pas comme si elle s’en préoccupait réellement, ça lui allait bien d’être comme elle était ! Enfin bon, là n’était pas vraiment la question. Après son discours, la rousse se dirigea vers la sortie histoire de faire sortir tout le monde comme il se devait et puis…SURPRISE. Le visage d’une brune qu’elle ne connaissait que trop bien se matérialisa devant elle. Kirsten. Décidemment, c’était bien sa veine, elle venait de faire la pire chose à Jo et voilà que le diable venait frapper à sa porte. Enfin le diable…c’était légèrement exagéré mais l’idée était bien là, Kirsten l’avait tout de même bien martyrisé pendant toutes les années passées au pensionnat. « Et bien ... Oh ferme là Wilshire. », avait répondu la jeune femme à la question de Marla. Bien au moins c’était direct. Ne sachant pas quoi répondre, la rousse se contenta de la regarder, incrédule. Sérieusement, qu’est-ce qu’elle pouvait bien faire dans les parages ? De tout Yellowsky, c’était bien la personne qu’elle s’était gardée d’inviter à l’anniversaire de Jo pour la simple et bonne raison que les deux ne pouvaient pas se voir en peinture ! « Heu d’accord, éclaire-moi quand même un peu… », commença-t-elle à répondre avant de se faire capturer le visage par la brune. STOP. Qu’était-elle en train de lui faire, là ? Elle voulait la tuer ? Apparemment oui puisque Kirsten vint ensuite attraper ses lèvres pour venir l’embrasser avec fougue. Trop choquée pour faire quoi que ce soit, Marla se laissa donc faire par ce moment de tendresse – le seul d’ailleurs – qu’elle n’avait jamais connu de la part de Kirsten. Elle avait eu donc raison lors de leur dernière conversation… Si Kirsten avait toujours été odieuse avec elle, c’était bel et bien parce qu’elle ressentait quelque chose pour elle… Ohoh, elle était dans de beaux draps maintenant cette pauvre Marla, qu’est-ce qu’elle était censée faire ? D’un côté, elle était bien dans son couple, Wolfgang était le petit-ami parfait pour elle… Mais d’un autre côté, elle ne pouvait nier le fait que ce baiser échangé avec la brune l’avait chamboulé… Dire qu’elle n’y avait pris aucun plaisir serait un bien beau mensonge, ce qui ne l’arrangeait vraiment pas. « Tu…Je… », tenta-t-elle de dire avant de se taire. Qu’est-ce qu’on pouvait bien dire dans une telle situation en même temps ? « [color=#993399]Pourquoi ? Pourquoi moi, pourquoi maintenant ? ». Puis elle prit une longue inspiration, comme pour se donner du courage. « Tu m’as toujours détesté. Le pensionnat…et tout ça… Je… NON. », dit-elle plus pour se convaincre qu’autre chose. Ce n’était pas possible, elle devait être en train de rêver. Qu’elle se réveille par pitié, elle n’avait pas envie de se retrouver dans un dilemme amoureux, sa vie était suffisamment compliquée pour en rajouter de la sorte.