J'étais impatiente, impatiente comme une enfant à qui l'on allait offrir le jouet qu'elle désirait depuis si longtemps. Même mon corps exprimait cette impatience, me mordant les lèvres et jouant avec une mèche de cheveux, typique de mon comportement lorsque je suis stressée.
En effet, il y a quelques jours de cela, j'étais bel et bien déterminée à retrouver mon frère qui m'avait plus où moins abandonnée à Paris, pour mon plus grand malheur. Partant vivre en Angleterre, je préféra rester avec ma mère en France, pour autant Vianney me manquait énormément. Et voilà qu'aujourd'hui je me retrouvais habitant à Yellowsky, je venais d'arriver il y a quelques jours et j'étais prête à revoir mon frère après ces quelques années passées loin de lui.
Toutefois, n'allez pas croire que mon frère et moi ne nous entendions pas vraiment, bien au contraire ! Malgré nos trois ans d'écart, cela ne nous a jamais empêcher de nous entendre à merveille tous les deux, plus jeunes, nous passions notre temps ensemble, Vianney me protégeait et était un parfait grand frère. Une grande complicité nous animaient, et j'étais déçue qu'en grandissant elle se soit quelque peu atténuée, notre relation fusionnelle me manquait vraiment.

Je ferma à clé la porte de mon nouvel appartement, et décida de me rendre chez lui, d'autant plus que j'avais appris qu'il habitait à dix minutes de chez moi. Je monta rapidement dans ma voiture, me souvenant vaguement des indications que j'avais pris soin de regarder, quand quelques minutes plus tard j'étais arrivée à destination.
Je descendis de la voiture, rangea les clés dans mon sac. Je pris un instant pour respirer calmement, j'étais excitée et n'arrivait pas vraiment à me contrôler. J'observais mon reflet, je portais un petit chemisier ainsi qu'un pantalon slim noir accompagné d'une paire d'escarpin beige, mes préférés. Je m'engagea dans la cours et arrivée devant l'entrée, j'hésita quelques secondes puis me décida à appuyer sur la sonnette. Il serait probablement incroyablement surprit étant donné que je n'avais pas pris la peine de le prévenir, préférant lui faire la surprise. J'attendis impatiemment l'arrivée de mon frère.

Lui qui pensait passer une soirée tranquille, mais surtout tout seul, il ne pouvait pas prévoir ce qui allait arriver. Vianney était loin de se douter que Louise viendrait jusqu'à chez lui, pour le voir. Même s'il lui avait donné son adresse,il aurait dû se douter qu'elle viendrait un jour mais pas sans avoir prévenu. Il se retrouvait donc en face de sa soeur, les yeux ronds comme des soucoupes. « Louise... Tu aurais pu prévenir avant de débarquer vieille morue. » fit-il en la serrant dans les bras, même s'il était vrai qu'il aurait préféré qu'elle le prévienne avant de débarquer comme ça. Il ne rajouta rien de plus, la laissant juste rentrer sachant d'avance qu'elle lui ferait une remarque sur le piteux état de son appartement. Il observa quelques secondes sa soeur , ne sachant pas s'il devait rester debout, s'asseoir, lui proposer quelque chose, ne rien dire.. Il n'arrivait pas à y croire. Sa soeur... ici. Il ne pouvait pas s'empêcher de sourire légèrement en la voyant. Cependant il se demandait bien ce qu'elle faisait ici. Etait-ce à cause d'un problème à Paris ? Leur parents ? Leur famille ? Ou avait-elle eu simplement l'envie de le retrouver ? Malgré toutes ces questions, Vianney en était ravis. Ils avaient tellement de temps à rattraper, de choses à se dire. D'ailleurs, par quoi devait-il commencer ? Le poing qu'il avait mit dans la figure de son meilleur ami ? Eulalie qui était amoureuse de lui ou son début de relation avec Lisbeth qui merdait complètement ? Qu'importe par quoi il commencerait, sa soeur n'hésiterait pas à lui faire la morale. Bien qu'elle soit plus jeune que lui, elle lui avait toujours fait la leçon pour tout et n'importe quoi. Et lorsqu'elle avait apprit pour Lisbeth... Il ne vaut mieux pas en parler. Pour une obscure raison, elle la détestait. Louise avait tout fait pour montrer à son frère que cette fille n'était qu'une garce. De son côté, Vianney le prenait mal et envoyait bouler sa petite sœur en lui disant que ce n'était absolument pas ses affaires et qu'il était assez grand pour prendre ses propres décisions. Mais s'il y avait bien une chose qui avait du sens dans sa vie, c'était sa relation avec sa petite soeur. Elle avait su traverser de gros désaccords entre frère et soeur et surmonter la distance entre Yellowsky et Paris. Il avait trouvé en sa soeur un point d'ancrage dans ce monde sauvage. Elle était la seule personne en laquelle il avait totalement confiance. Il lui devait beaucoup, elle était celle qui l'avait aidé à tenir debout quand tout autour de lui, s'effondrait. Quand il avait décidé de laisser derrière lui ses meilleurs amis. « Je suis content de te voir. Je croyais que tu avais oublié l'existence de grand frère chéri. » la taquina-t-il. Depuis le temps qu'il ne l'avait pas fait ! Et lorsqu'il se retrouvait avec sa soeur, il avait la mentalité d'un gamin de douze ans. « Pourquoi tu es ici ? Il y a quelque chose qui ne va pas ? Tu as un problème ou quelque chose comme ça pour quitter Paris ? » Sans savoir pourquoi, il était inquiet alors que si ça se trouve, ce n'était absolument rien de grave. Elle avait peut-être juste envie de parler. Il décida de s'asseoir sur le fauteuil, lui faisant signe de s'asseoir elle aussi, sur le canapé. « Papa a des soucis ? Maman peut-être ? Oh je sais, c'est à cause d'un gars que tu es ici. Donne-moi son adresse pour que j'aille lui rendre une petite visite de courtoisie. » S'emporta le jeune homme. « D'accord, j'arrête. mais j'aimerais savoir de quoi tu es venue me parler ? » reprit-il sous le regard de sa soeur.

La porte s'ouvrit, laissant apparaître Vianney et avait l'air surpris, c'était le moins qu'on puisse dire. Il me regardait l'air ébahit, affichant des gros yeux et me balança que j'aurais pu prévenir avant de débarquer. J'haussa les épaules et lui rétorqua « Ta soeur n'a même plus le droit de venir te rendre visite, il lui faut une autorisation avant d'arriver ? ». C'est vrai quoi, je n'avais pas vu mon frère depuis bientôt quatre ans, et s'est tout ce qu'il trouve à me dire en me voyant à sa porte, il changera donc jamais.
Je ne saurais expliquer cette absence, ce vide en moi d'avoir été séparé de mon frère, mon confident, mon exemple. Il y avait tellement de choses dont j'aurais aimé lui parler, dont j'aurais voulu savoir à son propos, et la distance n'a fait qu'empirer les choses, l'éloignement se faisait de plus en plus grand, et chacun faisait sa vie de son côté. Alors que moi j'avais besoin de lui à mes côtés pour grandir, pour avancer. J'imagine que beaucoup de choses avaient du changer pour lui, sa vie devait surement être différente que lorsqu'il m'avait quitté, et je reconnais que je m'attendais au pire. Tandis que moi, il n'y avait pas eu de grands rebondissement dans ma vie ces derniers temps, c'était même plutôt plat, je vivais ma petite vie tranquille, je passais la plupart de mon temps plongé dans mon roman, j'en étais plutôt fière, il avançait assez rapidement. Enfin bon, ce qui était sur, c'est que nous avions vraiment du temps à rattraper. Toujours dans ses bras, je lui murmura « Tu n'imagines pas comme tu m'as manqué... », il resserra son étreinte en guise de réponse. Il finit par me lâcher quelques instants plus tard,« Tu plaisantes j'espère ? Ce serait plutôt à moi de te rétorquer cela ! » m'exclamais-je en le frappant légèrement à l'épaule pour l’embêter, lui ne se gênait pas pour me taquiner à peine arrivé ! Il affichait toutefois un air inquiet, et se mit à m'harceler de questions pour savoir la raison de ma venue à Yellowsky. Je le laissa terminer, il paraissait persuadé que si j'étais venu le voir c'était pour une raison bien particulière, il s'imagina tout de suite un problème avec la famille où encore avec un garçon. Je leva les yeux aux ciels, et lui lança un regard insistant qui le fit s'arrêter. « Alors d'après toi il faudrait forcément qu'il m'arrive des problèmes pour que je décide de venir te voir ? », lui demandais-je tout en passant la porte pour découvrir son petit chez toi. Après avoir observé la pièce qui s'offrait à moi, je pu constater que mon grand frère adoré n'avait pas changé et était toujours autant désorganisé à ce niveau là. Je me retourna vers lui et lui dis d'un air un peu désespérée « Franchement Vianney tu pourrais faire un effort, où est passé mon grand frère perfectionniste ?  Heureusement que ce n'est que ta petite soeur qui débarque à l'improviste et pas une jolie bombasse, tu les ferais fuir sinon ». Je ne pouvais pas m'empêcher de lui faire un peu la morale, d'ailleurs ça m'avait manqué de ne pas pouvoir le reprendre régulièrement, et même s'il ne me l'avouerait surement pas, j'étais persuadé qu'à lui aussi.

Bien avant qu'Alison n'arrive, Vianney était dans le salon, adossé à l’un des murs. Son regard détaillait la décoration actuelle. Cette dernière ne lui convenait plus. Le brun avait besoin de changements. Les récents événements de sa vie avaient fini par avoir raison du reste. Il pensait bien sûr à sa relation avec Lisbeth partie en fumée mais aussi à son envie de changer radicalement de vie. Mettre de l’ordre dans son quotidien. Changer. C’est  d’une poigne décidée que le jeune homme avait commencé à mettre tout ce qui se trouvait sur son bureau dans des cartons disposés contre le sol. Les tableaux aux murs prirent la même direction. Le matin-même, il s’était rendu dans une boutique de bricolage de Londres pour acheter des pots de peinture et tout le matériel nécessaire afin de repeindre son appartement.  Il avait enfilé une tenue bien sommaire comparée à d’habitude avant d’ouvrir les pots de peinture, avait mélangé cette dernière à l’aide d’un petit bâtonnet métallique. Il avait eu la sensation de pouvoir enfin prendre sa vie en main sans culpabiliser, sans regretter d’avancer. Très vite, il avait commencé à repeindre les murs de la pièce qui faisait office de salon et cuisine d’un ton finement chocolaté. Une couleur qui lui rappelait celle d’un délicieux brownie. Il n'avait put s’empêcher d’échapper un petit rire en réalisant que là, il comparait cela à de la nourriture. Il était resté concentré sur sa tâche, ne désirant pas faire n’importe quoi. Perdu dans ses pensées, il  n’entendit pas tout de suite le vacarme émanant de la sonnette. Mais lorsque un nouveau bruit - relativement fort; il s'était dirigé vers la porte, se demandant bien qui pouvait lui rendre visite. S’essuyant les mains contre son vieux jean, il avait finalement ouvert et été  tombé sur Alison. Presque aussitôt ses yeux s'étaient écarquillés. « Ta soeur n'a même plus le droit de venir te rendre visite, il lui faut une autorisation avant d'arriver ? ».  Le sourire de Vianney s'élargit. Ah, Alison était toujours égale à elle-même. « C'est juste que tout est sans dessus dessous ! Ça ressemble au grenier de grand-mère tant c'est le bordel. » Sa soeur n'avait certes, pas prévenu, mais il n'empêche qu'il n'avait pas hésité à la serrer contre lui. « Tu n'imagines pas comme tu m'as manqué... » En guise de réponse, Vianney resserra son étreinte. Alison était l'une des personnes qui lui avait le plus manqué en quittant Paris. « Tu plaisantes j'espère ? Ce serait plutôt à moi de te rétorquer cela ! »  Il ria légèrement. Elle n'avait pas tort... Après tout, il ne lui avait donné aucunes nouvelles depuis des mois, se lassant bien rapidement de lui envoyer des lettres. C'est vrai quoi, XXIe siècle oblige ! « Désolé la moche mais je n'avais plus vraiment de temps à moi. Entre le retour de Sam, celui d'Eulalie et celui de Lisbeth... » voyant le regard de sa soeur, il poursuivit. « Ne me regarde pas comme ça ! Je n'ai pas envoyé un sms groupé disant: Venez me rejoindre à Londres, ce sera folichon les amis ! » fit-il tout en faisant de grands gestes. « Alors d'après toi il faudrait forcément qu'il m'arrive des problèmes pour que je décide de venir te voir ? » C'était son frère, il était normal qu'il soit inquiet pour elle et qu'il se pose des questions en la voyant débarquer. « Pour quitter la France, c'est que je devais sacrément te manquer ! » rétorqua-t'il un sourire goguenard sur les lèvres. Puis, comme Vianney l'avait deviné, sa soeur ne se priva pas pour lui faire une remarque sur son intérieur. « Franchement Vianney tu pourrais faire un effort, où est passé mon grand frère perfectionniste ?  Heureusement que ce n'est que ta petite soeur qui débarque à l'improviste et pas une jolie bombasse, tu les ferais fuir sinon ». Il l'observa du coin de l'oeil, n'appréciant pas vraiment que sa soeur cadette fasse une telle réflexion. « J'avais envie de changement ! Quant aux femmes, je viens de rompre avec celle qui me plaisait et j'aime ma meilleure amie... La première étant ta très chère amie » -soit Lisbeth - « La deuxième étant Eulalie.»